MARS 2022
Saint Tropez est
avide d’inaugurations sujettes à de belles photos et d’élans d’autosatisfaction,
également de cérémonies commémorations laïques ou religieuses formant le socle
de son avenir. Pour autant une institution tropézienne ferme doucement ces
portes au début de cette année, sans un hommage sans remerciement pour service
rendus sans éloge funèbre. Peut-être parce que cette mort, dans l’idée de ceux
qui ne l’ont pas empêchée n’intéresse personne, pas empêchée mais bel et bien
programmée puisque qu’inscrite de façon technocratique dans un document d’urbanisme.
UN BREF HISTORIQUE
Au cours du XXE siècle s’est opéré à ST TROPEZ un de ses
plus grands chamboulements de destinée, qui n’ont pas manqué au cours de sa
longue histoire.
En effet les hangars côtoient les lieux de rendez-vous les
plus huppés et les plus recherchés par la jet-set mondiale, et leur parvis
doivent être franchis par la quasi-totalité des visiteurs ayant laissé leur autos sur le vaste parking du
port.
Cette configuration serait intolérable pour toute autre
résidents que les tropéziens si leur mémoire n’était pas marquée par la
présence de cette activité dans leur paysage, depuis des siècles, déjà la grève
dédiée à la construction navale au carénage et aux réparations avait été menacée
de disparaître lors d’un projet d’aménagement le 6 juin 1734, que la
municipalité a abandonné sous la pression des capitaines et patrons des
bâtiments de mer (L PAVLIDIS LES CHANTIERS NAVALS DE ST TROPEZ AU XIX e
SIECLE).
Avec les cales pavées aménagée en 1842 dont une grande partie est conservée, l’activité des chantiers PASCAL VILLANOVA sont les témoignages concrets de ce qui a fait SAINT-TROPEZ. Car autour de ces activités de réparations et de construction s’est tissé un tissu social et économique, le port d’eau profonde a permis au fur-et-a mesure de la création de quais l’activité commerciale autour du vin du liège et de la pêche, les constructeurs armateurs ont construits les hôtels particuliers et beaux immeubles de la« Bourgade »
Ne pourrait-t-on pas en conclure que les chantiers navals
sont l’âme de cette FILLE DE LA MER ?
LA SITUATION ACTUELLE
Les chantiers situés 8 quai de l’Epi sont constitués par les
bâtiments, accès, quais, soit environ 3000 m2, sont concédée par la ville par contrat
précaire. La CNB VILLANOVA était le dernier exploitant pour des activités
de vente, réparation, assistance technique, manutention, service d’hivernage des bateaux,
boutique de prêt-à-porter, shipchandler.
L’activité purement artisanale et de manutention est
entravée par la présence, de fait, d’un accès au parking du port, à la
capitainerie et aux évènements périodiques installés sur l’esplanade du parking
du port, par le quai Hyppolite BOUCHARD
et quai de l’Epi.
Ce carambolage entre une activité dite « dure »,
et pas sans risque du fait de certaine manutention lourde et d’utilisation ou
épandage accidentel de produits chimique ou hydrocarbure, et, un cheminement
d’agrément, n’a semble-t-il pas posé de problème aux usagers et autorités qui
laissent cette équation sans solution, même provisoire, au risque de la voir
s’envenimer à l’occasion d’un évènement
fortuit. Ceci poser est-ce par simple laxisme ou calcul ?
Pour autant l’autorité municipale semble avoir scellé le
sort des chantiers de Saint-Tropez de façon très discrète dans PLU approuvé le 08 juillet 2021 qui stipule que les chantiers sont visés
Dans la zone AUP
portuaire règlementant l’évolution des constructions existantes et l’ouverture
à l’urbanisation nécessitera une modification du PLU. Néanmoins ce règlement y
interdit à titre privé : Industrie, entrepôt et bureaux tout ce qui est
nécessaire à une activité de chantier maritime
d’une part.
Et par l’Orientation d’Aménagement 1 (OAP 1) orientant les
bâtiments des chantiers vers une « requalification urbaine », et en
les désignant vaguement dans un très court paragraphe comme « activité maritime destinée à
être relocalisée », d’autre part.
Concernant cet espace bordant le port et englobant la
capitainerie, le terme relocalisation porte à interrogation ?
Relocalisation dans la même zone comprise entre le pilon et le port ?
Ailleurs ? Dans quelles conditions ?
Le PLU à l’instar de son document structurant qui est son
rapport de présentation qui ne distingue pas l’activité des chantiers des
autres activités économique, reste donc
très discret, sinon muet, sur l’avenir des chantiers.
QUEL AVENIR ?
Le PLU est le seul support de la volonté de la municipalité concernant les
chantiers, on ne trouve rien dans les programmes électoraux, les principaux
intéressés restent très discret à ce sujet. Le devenir de cet espace ultrasensible de par l’attrait de sa situation
privilégiée, de sa position stratégique entre les stationnements terrestre et
maritime, de la palette des innombrables activités possibles, est devenu un
sujet « tabou », ce qui lui confère toute les propriétés d’une bombe
à retardement.
Pourtant il suffit d’observer les rapports entre la ville et
les activités maritimes surmédiatisées pour qu’émerge les pistes de solutions.
En ces journées des « Voiles » se rencontrent à St
Tropez de grands patrons, industriels, financiers, skippers reconnus,
journalistes, quelques semaines auparavant le circuit SAIL GP , plus tard
ce sera les « Vieux gréements » On ne peut que se réjouir de cet
attrait mondial et que Saint-Tropez en soit le centre.
Pour autant, sans trop manier la dérision, on peut dire que
le golfe de Saint-Tropez ne serait en fait qu’un terrain de jeu pour les magnifiques unités sportives, ou d’agrément
qui s’y côtoient mais qui sont conçus, fabriquées et développées dans d’autres
lieu. Il en est ainsi pour les hommes qui les conçoivent et les pilotes, ils y
viennent tous mais ont été formés sous d’autres cieux.
L’univers maritime est constellé d’activités, et de domaines tellement divers qu’il serait bien étonnant qu’une de celle-ci puisse exploiter les 3000 m2 des chantiers soit en recherche à but sportif ou d’agrément, le développement de prototype moteur électrique ou voile, dans le secteur de restauration des bateaux de collection, ou encore une école de skipper ou d’architecte et ingénieurs navals, en visant naturellement la pointe de ses secteurs dont les acteurs serait justement attiré par ce lieu magique et valorisant.
Ainsi Saint Tropez aura grâce à sa diversité dans le secteur
maritime, retrouvé tout au cours de l’année le son rayonnement de Fille de la
mer.
Je remercie mon ami Laurent PAVLIDIS qui a autorisé quelques ponctions dans son livre (L PAVLIDIS LES CHANTIERS NAVALS DE ST TROPEZ AU XIX e SIECLE).