jeudi 12 août 2021

15 AOUT 1944 LES PARAS SAUTENT SUR SAINTE ANNE

A L'OCCASION DE CET ANNIVERSAIRE ON SE SOUVIENT DES VIES ET MORTS DE QUELQUES TROPEZIENS NATIFS OU DE SOUDAINE ADOPTION UN PETIT MATIN D'AOUT - SOUVENIRS DE FRANCOIS COPPOLA.


Dans la nuit du 14 au 15 Août, Saint-Tropez va vivre un grand moment de son histoire. Lundi 14 août 1944, l'ingénieur René Girard, maire de Saint-Tropez, venait de brancher sa radio et, à travers le brouillage allemand, la voix brouillée du speaker de la B.B.C. lui parvenait difficilement.

Depuis 1943, René Girard, maire de Saint-Tropez, dirigeait un important groupe de résistance de la région des Maures et, depuis une vingtaine de jours ses hommes avaient été tenus en alerte constante, en attente de l'annonce du débarquement Allié sur les côtes de Provence.

Comme la plupart des chefs de groupes ou de secteurs, il ignorait le lieu exact où frapperaient les Alliés, mais il savait quelles dispositions il devrait prendre dès que les messages passeraient, quel rôle joueraient ses hommes, en quel point il devrait les rassembler.

Penché sur son poste, René Girard augmenta le volume d'audition et se mit à écouter attentivement.

Mais les messages qui se succédaient, -il en passait certains jours jusqu'à plus de soixante-, ne le concernaient pas et ne comportaient aucune signification pour lui :

"L'heure est pleine de parfums et de cloches sonnantes sur le fleuve...""On ne pêche pas le brochet sur une échelle...""Le jaune des crocus tâche les près acides..."

Le speaker s'interrompit, et reprit :

« Attention, message très important pour Samuel et Arthur... »

Girard soupira, rien de tout cela n'était pour lui. Et une fois de plus, il songea avec désappointement que "ce ne serait pas encore pour ce soir".

Néanmoins, ainsi qu'il le faisait depuis trois semaines, il garda l'écoute jusqu'à la fin de l'émission. Girard entendit :

"Gaby va se coucher dans l'herbe. Nancy a le torticolis ..."

Pendant une fraction de seconde son cœur s'arrêta. Girard n'en crut pas ses oreilles. Mais la voix de Londres répétait la première partie du message - signifiant que les Alliés débarqueraient dans les jours immédiats- :

" Nancy a le torticolis .... "

QUELQUES SEMAINES AVANT LE 
DEBARQUEMENT LE PORT EST
ZONE INTERDITE (IGN REMONTER LE 
TEMPS)

Girard,à présent, n'attendait plus rien, tant il lui paraissait improbable que l'autre partie du message qui mettrait en branle toute la Résistance méditerranéenne dut passer ce soir, et Girard pensa qu'il avait "tout le temps" de mettre ses hommes sur le pied de guerre et de s'activer aux derniers préparatifs.

Mais à sa stupéfaction, René Girard entendit le speaker prononcer :

« Le chasseur est affamé ... le chasseur est affamé… »  (deux fois).

Il eut le souffle coupé. Les mots qu'il venait d'entendre annonçaient sans une hésitation possible le débarquement pour le lendemain, 7 heures du matin.

Pourtant Girard hésitait encore. Il sortit de chez lui, traversa calmement la petite ville et rejoignit ses chefs de section; tous tomberont d'accord pour reprendre l'écoute, à l'émission suivante, celle de 21 heures. Toutefois, Girard délégua un de ses hommes, l’alsacien Schmitt qui servait d'interprète à la Kommandantur, pour voir "ce qui se passait" chez les Allemands ?

L'homme revint; il n'avait rien relevé d'anormal et aucun ordre particulier n'était prévu, semblait-il, pour la nuit prochaine. Pendant ce temps, la flotte Alliée ayant embarquée les troupes en Italie du sud fait route vers un point du littoral méditerranéen encore tenu secret.

La nuit est profonde; vers 4 heures du matin, de nombreux avions survolent la presqu'île de Saint-Tropez vers le nord, ce sont des Dakotas qui emmènent les troupes aéroportées américaines qui doivent détruire le quartier-général du  commandement allemand à Draguignan.

CAPITAINE JESS W WALLS

Mais au même moment, dans un bois de pins au sud de Saint-Tropez le Capitaine Jess W. Walls, du 509ème bataillon de parachutistes U.S. ne décollerait pas : pour lui l'invasion débutait mal. Ni les balises lumineuses en mer, ni le système de guidage combiné par radio et radar, n'avaient pu empêcher les quelques cent vingt-cinq hommes de sa compagnie de tomber dans un endroit inconnu, à une distance éloignée de leurs objectifs. Avec tout le 509ème bataillon et une partie du 517ème, les parachutistes de Walls auraient dû se trouver à plus de vingt kilomètres de la mer, au Muy, et celle-ci était toute proche dans la nuit. Des hauteurs boisées les entouraient et l'obscurité était dense; une tiède brise marine s'élevait de la côte. Quand Walls avait sauté, une sorte de brouillard irréel flottait au-dessous de lui, bientôt dissipé après son atterrissage. Son ami, le capitaine Ralph R. Miller, commandant la compagnie d'Eason, avait dû probablement tomber dans les parages et tous deux parviendraient à sortir de ce "satané guêpier". Mais Ralph n'était pas là.

Bien qu'il l’ignorait encore, le capitaine Walls avait eu plus de chance qu'il ne le supposait, Miller et tout l'effectif de son avion avaient été lâchés au-dessus de la mer et personne ne devait plus jamais revoir le Capitaine Miller et de son stick. Le seul survivant de ce largage malheureux, Richard D.Fisco, avait pu, apercevant la mer à travers de la brume, se délester de son lourd équipement et nagea courageusement jusqu’à la côte de la presqu’ile de Saint-Tropez.




Vingt-neuf des Dakotas de transport avaient déversé leurs troupes dans la presqu'île de Saint-Tropez, trente kilomètres trop au Sud, et une erreur de 90° dans les prévisions du vent, ainsi que l'absence de visibilité à partir du moment où les avions abordèrent la côte, se trouvaient à l'origine de cette dramatique méprise. Deux batteries complètes et une fraction de deux autres, appartenant au 463eme bataillon d'artillerie de campagne, furent victimes de la même erreur étaient loin de leurs objectifs.

Tout en se demandant où se trouvaient les Allemands et surtout combien de temps ils mettraient à réagir, Walls prit courageusement la tête des deux compagnies égarées. Il était maintenant près de 5 heures du matin. C'est alors que le soldat David H. Murphy, égaré du 509ème, perçut non loin un bruit étrange, incongru. Sous le couvert des arbres, quelqu'un sifflotait doucement et Murphy connaissait cet air : c'était "la Marseillaise".

L'homme se rapprocha en sifflant toujours et le parachutiste Américain distingua un brassard tricolore cousu sur sa manche gauche. C'était un des combattants de la brigade des Maures, l'un des chefs de section alertés par le résistant René Girard, aussitôt après la diffusion des messages de la B.B.C britannique, au milieu de la soirée.

Dans l'obscurité blanchissante, un laconique dialogue s'engagea entre Murphy et le résistant.

« Le Muy ? » interrogea l'Américain

« Oh ! Non ! Non ! répondit le Français, et celui-ci ajouta : « Saint-Tropez »

Un long soupir de désappointement s'échappa de la poitrine du  parachutiste.

Walls et presque la moitié de l'effectif du 509ème égaré devaient renoncer à l'espoir de rallier leur zone de combat et les objectifs pour lesquels ils s'étaient durement entraînés. Walls savait, lui, bien autre chose, dans moins d'une heure, l'aviation de bombardement apparaîtrait pour pilonner les plages, et si les deux cent cinquante parachutistes qu'il avait rassemblés à grand peine résistaient à cet assaut, les tirs de marine ne les épargneraient sûrement pas. Ils se trouvaient juste dans la "cible" du futur bombardement aérien et naval, à proximité des redoutables batteries côtières qui devaient être anéanties avant l'heure H, avant les débarquements. Pour éviter de se faire bombarder par les leurs, ils étalèrent sur les toits des fermes où ils se trouvaient, les corolles blanches des parachutes réservées aux conteneurs d’armes et de munitions.

Tandis que le capitaine Jess Walls tentait de trouver une issue à son cruel problème, le Français René Girard était aux prises avec d'autres difficultés dramatiques. Il avait bien entendu arriver les avions, et s'était un peu étonné de voir des parachutistes atterrir dans la nuit, sur les hauteurs de la Belle-Isnarde et de la colline Sainte-Anne, à deux kilomètres de Saint-Tropez. Personne n'avait averti Girard qu'il aurait à compter avec une attaque aéroportée - mais il pensa que les Américains "cherchaient à créer une tête de pont avant le débarquement par mer". Il avait donc expédié quelques-uns de ses nommes à la rencontre des soldats Alliés.

A ce moment, à Saint-Tropez, un officier allemand, l'Oberlutnant, M. A. Heinsohn, venait de recevoir un ordre qu'il n'attendait plus.

A l'aide de soixante mines dévastatrices de la Kriegmarine contenant chacune plus de cinquante kilos d'explosifs, et disposées sur les quais et le Môle du Portalet, Heinsohn devait faire sauter et détruire toutes les installations portuaires de Saint-Tropez. Six autres mines encore plus puissantes, de neuf cent kilos attendaient leur mise à feu sur les deux cent cinquante mètres de la jetée. En pleine nuit, l'évacuation de toute la population de la ville avait été ordonnée au maire français, mais la majeure partie des habitants de Saint-Tropez n'avait pas attendu cet ordre; la plupart s'étaient déjà réfugiés dans les collines avoisinantes, emportant avec eux des matelas, des couvertures et des vivres pour plusieurs jours.



LE PORT EN AOUT 1945 LES CRATERES DES MINES SONT VISIBLES
SUR LE MOLE ET LE QUAI JEAN JAURES LES IMMEUBLES ENDOMMAGES
OU DEJA DEMOLIS (IGN REMONTER LE TEMPS)


Des postes de mitrailleuses et des sentinelles gardaient les issues de la ville, comme aux abords d'un camp retranché, ce qu'était effectivement devenue la riante cité de Saint-Tropez aux premières heures de cet historique mardi 15 Août 1944. .

L'explosion, selon René Girard, se produisit vers 5h45. Dans le jour levant, le ciel s'embrasa violemment au-dessus de Saint-Tropez. D'épais nuages de fumées et de poussières couvrirent la ville, et les déflagrations secouèrent encore le sol pendant plusieurs minutes. Les habitants qui avaient cherché un asile dans les collines et les bois pensèrent que plus rien maintenant ne restait de leurs demeures, ni de leurs commerces, de leurs coquettes villas ou de leurs monuments séculaires, livrés à la destruction par l’occupant allemand.

Girard aperçut avec ses hommes les lueurs rougeâtres et les hautes flammes des explosions destructrices. Mais une amère déception avait succédé aux heures de fébrile exaltation qu'il connaissait depuis la veille. Les Allemands avaient déjoué les plans de la résistance en ordonnant l'évacuation de la population, mais l'anéantissement du port de Saint-Tropez signifiait aussi, René Girard venait de l'apprendre, qu'à l'exception d'une assez faible garnison, les troupes de la Wehrmacht se retiraient de la ville. Et, maintenant, Girard ne pensait plus qu'à la libération victorieuse, tant attendue, de sa Cité.

Un grand nombre de parachutistes avait atterri dans les jardins, dans les volières, dans les fermes et la campagne avoisinant Saint-Tropez, parfois au milieu même de la population évacuée.

Pendant ce temps, de précieuses minutes s'écoulaient dans la confusion et l'indécision. Girard et ses hommes résolus brûlaient d'agir. L'arrivée imprévue de trois cents parachutistes Alliés n'avait rien fait pour diminuer leur ardeur, bien au contraire. Et le chef résistant espérait que les soldats américains se joindraient à ses maquisards pauvrement armés et équipés, pour réduire et chasser les dernières forces allemandes encore dans la ville. Mais Girard venait de se heurter au refus brutal du capitaine Jess Walls, du 509ème égaré.

Ayant péniblement rassemblé l'effectif de ses deux compagnies désorientées, Walls avait fini par opérer sa jonction avec les éléments des batteries du 463ème tombés dans la même région. Mais il se trouvait au milieu d'une contrée qu'il ne connaissait pas, sans instruction, sans communication, isolé et livré à lui-même, commandant plus d'hommes qu'il n'en avait jamais eus sous ses ordres. Et Walls répugnait vivement à s'aventurer, refusant de participer à un assaut "en dehors de son lieu d'opération".

Il ne finit par céder qu'après une "longue et pénible discussion", dit Girard, et parce que le Français lui exposa le dénuement pathétique en armes et en munitions de sa section de volontaires disposant, en tout et pour tout, de quelques vieux mousquetons français et moins d'une dizaine de fusils récupérés naguère sur les occupants italiens.

A l'instant où le capitaine américain se décidait à agir, un roulement de tonnerre emplissant le ciel fit lever toutes les têtes.

Surgissant dans le soleil levant, les quadrimoteurs alliés, en vagues serrées, attaquaient furieusement la presqu'île. Et le rugissement de l'essaim formidable d'avions s'amplifia et se mit à gronder davantage de minute en minute, s'étendant aussi bien à l'Ouest qu'à l'Est, pareil au déferlement d'une boule gigantesque, inépuisable. C'était l’heure du débarquement.

 

PHOTO INEDITE PRISE PAR UN PARTICIPANT LE JOUR J SUR LA PLAGE DE 
PAMPELONNE

Sur la presqu’ile, le débarquement se déroula sur la plage sud de Pampelonne ou hommes et matériels, précédés par les chars d’assauts s’avancèrent sur la route de Sainte-Anne vers Saint-Tropez.

INA
 

INA

A la tête de ses trois cents parachutistes égarés dans la presqu'île boisée de Saint-Tropez, Walls se trouvait toujours aussi isolé et désemparé. Le débarquement s'était effectué, ainsi que Jess s'y attendait, à quelques kilomètres de là, sur la plage de Pampelonne; mais auparavant, Walls et ses hommes avaient dû endurer deux heures épouvantables de bombardement par leurs propres forces navales et aériennes. De lointains et intermittents échos des combats au voisinage de la plage roulaient à travers les collines et les bois de pins, à des distances difficilement appréciables. Par intervalles, le crépitement prolongé des mitrailleuses américaines répondait aux rafales des Schmeisser, tantôt proches et tantôt plus éloignées, comme perdues et diluées dans l'inconnu des bois sombres et des vallons sauvages. Ça et là, des obus éclataient; des incendies de broussailles montaient au loin, dans le ciel brumeux du matin.

Après de longues hésitations, sans directives, sans cartes et livré à lui-même, Walls s'était pourtant décidé à agir. Dieu seul savait où les Allemands se trouvaient, et les troupes américaines les plus proches n'avaient peut-être pas même dépassé les plages d'assaut, arrêtées au milieu des réseaux d'obstructions, terrées dans les champs de mines, plaquées au sol par le feu des casemates et des batteries ennemies. Une fois de plus, René Girard, le chef local des F.F.I. revint à la charge auprès de Walls, harcelant et suppliant l'Américain.

A ce moment un des maquisards de Girard, Jean Despas, qui s'était coulé à travers les lignes, arriva de Saint-Tropez, essoufflé et harassé - mais triomphant. Walls ne devait jamais oublier l'expression excitée et rayonnante de cet homme dont l'air joyeux traduisait aussi une insistante prière. Il apportait un message de victoire - après l'anéantissement du port, la majeure partie de la garnison de Saint-Tropez avait décampé et occupé la Citadelle.

RESISTANTS TROPEZIENS AVEC A LEUR TETE
JEAN DESPAS (A DR) RENCONTRENT LES PARAS


La population qui avait commencé à regagner prudemment la ville dans certains quartiers, y attendait "avec enthousiasme et impatience l'arrivée des Alliés".

Pendant de longues secondes, les trois hommes s'observèrent en silence.

- OK, fit simplement l'Américain. Et Walls donna l'ordre à ses hommes de partir à l'attaque.

Un peu plus tard, dans la matinée, le même messager ayant rejoint les troupes débarquées sur la plage de Pampelone devait apporter les mêmes nouvelles aux avant-gardes du 15ème régiment du colonel Richard Thomas prêt à attaquer la ville de son côté.

Après leur atterrissage dans les jardins et les bois près de Saint-Tropez, les soldats égarés et désorientés des batteries du 463ème d'artillerie aéroportée,  s'étaient mis à la recherche des éléments dispersés de leurs si utiles canons Howitzer de 75.

Guidés par les résistants enthousiastes de René Girard, les paras des deux batteries égarées et des éléments de deux autres se mirent en marche vers Saint-Tropez, à travers hauteurs des collines de Sainte-Anne et de la Belle-Isnarde, en même temps que Walls et ses deux compagnies du 509ème et du 517ème U.S.

Deux kilomètres environ les séparaient de la ville, et au cours de cette mission improvisée, les parachutistes de la 1ère division devaient se rendre maître, presque sans coup férir d'une batterie antiaérienne allemande, tombée intacte en leurs mains, ainsi que deux autres batteries côtières avec tous leurs servants médusés. L’état-major allié avait tout prévu pour assurer le succès du débarquement. Même les cartes d’état-major françaises avaient été utilisées, recopiées aux Etats-Unis avec en plus la situation des ouvrages de défense allemands disposés sur le littoral. Cela grâce aux renseignements de la résistance et aux photos aériennes prises  un mois avant l’assaut.

Mais le combat n'est pas terminé, aidés et guidés par résistance "Brigade des Maures", les Américains durent prendre d'assaut la Citadelle qui se rendit vers 17 heures et ou tombait le jeune résistant Guy Ringrave.


Le blockhaus de la Bouillabaisse qui avait été manqué par les bombes du dernier assaut aérien fut attaqué par les chars d’assaut et réduit à son tour. C'est là que tomba héroïquement le Tropézien Paul Roussel.

Pendant ce temps les dragueurs de mines pénétraient dans le golfe pour sécuriser l’arrivée des transports de troupes de la première armée Française sur la plage de la Foux à Grimaud.

DESSIN SUR LE VIF PAR UN PARTICIPANT AU DEBARQUEMENT SUR ST TROPEZ
H+3


La flotte alliée arriva devant le port et les Tropéziens reconnurent les silhouettes des bâtiments de la France Libre, battant pavillon tricolore frappé de la Croix de Lorraine.

INA
Saint-Tropez était libéré, mais le lendemain le raid aérien ennemi avec des bombes à fragmentations sur la ville et les zones de débarquement fit de nombreuses victimes parmi la population et les troupes libératrices.

 Le général Patch après avoir décoré les résistants Tropéziens sur la place des Lices, installait son quartier général à l'hôtel Latitude 43. Le général de Lattre de Tassigny, commandant les forces Françaises vint l'y rejoindre pour l’inciter à libérer plus rapidement Toulon et Marseille.

 



 Après la journée de joie du 15 Août, le bombardement meurtrier du 16 août au soir fit de nombreuses victimes civiles et militaires. Heureusement, les Américains avaient dressé un hôpital de campagne sur la Place des Lices devant l'école Louis Blanc. Là furent soignés les premiers blessés avant d'être dirigés vers l'Hôpital.


 Les Tropéziens se souviennent du travail considérable accompli par le docteur Roy et le personnel de cet établissement aidés en cela par les sœurs de la Congrégation, faisant office d’infirmières. Mais, le nombre de blessés était tel que certains furent soignés au couvent des Platanes où le personnel religieux fit preuve d’un dévouement exemplaire. Malheureusement, de nombreux Tropéziens perdirent la vie dans les rues.

 

ANONYME PHOTO INEDITE

CE QU'IL RESTE DE SENEQUIER
PHOTO BIANQUIS


En Ville, la destruction des ouvrages portuaires avait endommagé nombres d'habitations restées sans toit, sans portes et fenêtres. Des maisons s’effondrèrent sur le port, Sénéquier, le Gorille, le tabac du port, le café du phare n’existaient plus. Beaucoup de familles changèrent ainsi d'appartement pour se mettre à l'abri.

 

L'eau et l'électricité manquaient et les puits furent d'une grande utilité.

 Le ravitaillement avait été prévu par les autorités et le commandement américain. C'était alors le régime des boîtes de conserves et des rations militaires composées de haricots en sauce, de saucisses, de pâtés, de boîtes de café en poudre et de chocolat vitaminé.

 Un LIBERTY SHIP, gros cargo américain, avait été réservé pour transporter 10.000 tonnes de farine afin d'alimenter les populations civiles, libérées dans la tourmente.

Ce cargo s'appelait «  Edouard H. Palmer »



RARE PHOTO DU 16 AOUT 1944 LES DECOMBRES N'ONT PAS ETE ENLEVES.
Prise de vue anonyme devant l'actuelle banque Crédit Lyonnais quai Suffren (ancienne kommandatur)
Au dos l'inscription "Le port de St Trope avec la 1ère sentinelle américaine + des FFI."


ANONYME GMC AMPHIBIE DEVANT
LA BIJOUTERIE THURAUD
PHOTO INEDITE

Afin de débarquer cette cargaison, les anciens capitaines au long cours de Saint-Tropez furent chargés de recruter des dockers sur place. C'est ainsi que de nombreux Tropéziens étaient amenés tous les matins sur le cargo afin de manipuler les sacs de farine. Ceux-ci étaient transférés de la cale, à l'aide de grands filets, et déposés par des mats de charge dans des barges qui les amenaient sur le rivage. Là les sacs étaient portés en camions, soit pour être stockés à l'usine des câbles des Canebiers, soit pour être dirigés vers les premières villes libérées afin d'assurer la nourriture des habitants.

 

En ville, l'épuration commençait et les "collaborateurs" furent gardés à vue avant d'être livrés à la justice. Sans jugement aucun, certaines femmes et jeunes filles furent tondues devant l'école des garçons.

 

Les Tropéziens avaient sous leurs yeux le plus grand port du monde : Cargos, bâtiments de guerre, transports de troupes, remorqueurs couvraient par leur nombre la totalité du golfe et bouchaient l’horizon.



 

SOURCES : «  Le Débarquement de Provence » de Jacques Robichon, et les souvenirs de jeunesse de François Coppola, témoin des faits.