samedi 23 avril 2016

QUI EST VICTOR TUBY?



Un académicien excentrique, pluridisciplinaire et génial à la tête de la bravade de 1925.
 
TUBY 1937

Si vous vous promenez à Cannes et que vous grimpez  la rue Forville  un panneau vous interpellera : Musée Forville ouvert tous les premiers samedi du mois de 15 h à 18 h... Si c’est le cas vous pouvez monter quelques marches et toquer à la porte.

Dans  une pièce à l’éclairage tamisé meublée de radassiers et de bahuts provençaux  un monsieur et des dames  autour d'une table, où sont servis thé et chocolat,  vous accueilleront. Puis le guide entreprendra de vous  faire visiter les lieux qui sont, dit-il la demeure du peintre et sculpteur Victor TUBY.

Dans une première pièce servant d’atelier d’artiste sont alignées des sculptures et  modèles en plâtre, des tableaux, des projets de monuments aux morts,  ainsi qu'une vieille Rosingart carrossée en  pickup ....la visite continue dans les pièces qui constituaient l'ancien moulin à huile de Forville (le plus ancien de la région encore debout paraît-il).

On traverse la salle à manger meublée avec un exceptionnel ensemble Napoléon 1er "Retour d' Egypte", puis le  laboratoire de  recherche de  chimie et herboristerie  avec encore quelques productions étonnantes dont un médicament antidote contre les gaz de guerre! Enfin c'est la  dernière pièce avec les effets de cet artiste. On y trouve un habit que l’on ne s’attendrait pas à voir porter par un cannois, c’est un  uniforme de bravadeur de Saint-Tropez*.

Né en 1888, les TUBIE  famille aisée cannoise de souche, son père François était avocat,  Victor étudie les beaux arts à Paris, grand blessé 14 - 18 - il embrasse une carrière de sculpteur et de peintre. Touche à tout il entreprend des recherches en herboristerie et compose des médicaments "naturels" à partir de plantes médicinales qu'il collecte avec la fameuse Rosingart dans la campagne cannoise. Ami de Mistral il crée l'Académie Provençale à la BOCCA qui a pour but d'enseigner et perpétuer tout ce qui a trait à la culture de ce pays.  Il rend hommage à ses camarades de guerre en dessinant et sculptant des monuments aux morts  dans quelques villes de Provence dont Saint-Raphaël vers 1920 sous son nom d’artiste TUBY, ce nom n’est semble-t-il pas dû au hasard, en effet cet ancien étudiant des Beaux-Arts de Paris l’a choisi en souvenir d’un autre TUBY Jean-Baptiste créateur de la fontaine d’Apollon à Versailles. Certains articles rencontrés sur la toile de nos jours le donne comme descendant du sculpteur de Louis XIV. Le petit mystère entretenu par Victor a sans–doute porté ses fruits !


A partir de ces années on le voit prendre le tromblon dans le corps d’élite des gardes-saint  de la  bravade de Saint-Tropez, là, votre guide, bien qu’il connaisse cette étrange manifestation, ne vous apprendra  rien de plus: Comment a-t-il intégré les rangs de cette troupe célébrant chaque année les faits d’armes de l’ancienne milice de la cité du bailli de Suffren, et uniquement composé de membres de familles  tropéziennes?

Alain CAVAZZA propose une explication en se souvenant que sa famille et la famille de l’artiste étaient proches, ce dernier  étudiait sans doute aussi un projet de monument aux morts pour Saint-Tropez.  Ce furent-là peut-être deux opportunités pour que se rencontrent deux forts caractères : Louis SANMARTIN et Victor TUBY qui se sont estimés réciproquement ayant fait tous deux une « belle » guerre, SANMARTIN aux DARDANELLES et TUBY en tant que capitaine décoré cité à l’ordre du 312e d’artillerie comme soldat « montrant toujours le même entrain et beaucoup de dévouement comme chef de section puis comme commandant. Courageux. »

Victor  TUBY  faisait en outre partie des 500 sculpteurs français pour qui la guerre de 14 18 a représenté une « deuxième  renaissance » pour la sculpture comme le disait justement Maurice Barrier à Ph Noiret dans (LA VIE ET RIEN D'AUTRE de  Bertrand Tavernier): "35 000 communes en France qui veulent toutes leur monument … » et qu’il a bien exécuté pour ce village le monument aux morts et le buste du général Allard, soldat de la grande armée devenu vice-roi des indes**. (Autre exceptionnel Destin)

TUBY monument aux morts St Raphaël.
A l’ époque  où les rescapés du massacre devaient honnir toute détonation et tous simulacre de violence armée, il fallait dénicher  de forts caractère qui pouvaient légitimer une commémoration malgré les  pénibles souvenirs.  La reprise des bravades n'a pas dû être facile! Elle ne s'est faite qu'en 1921, soit trois années après l’armistice, grâce à la  volonté du futur Cépoun major de son oncle Jean-Baptiste SANMARTIN Capitaine de Ville cette année-là.

TUBY en tant que disciple de MISTRAL a sans doute apporté cette caution intellectuelle confortant les mainteneurs dans leur volonté de faire perdurer les bravades contre toute évidence puisque la quasi-totalité des bravades armées du Var et des Alpes-Maritimes ont disparu le lendemain de la grande guerre. Il a sans doute donné le sang neuf qui allait aider à basculer les traditions dans le nouveau siècle en leur préparant le très bel avenir qu’on leur connaît.

TUBY 1925
On se souviendra que l’artiste fut à la tête de la bravade de 1925***, il en subsiste quelques témoignages iconographiques, où on le voit saluer de la pique revêtu d'un habit d'officier supérieur de corps assimilé (certainement de directeur de service de santé de la marine modèle 1891) Cet habit est exposé au musée du moulin de Forville de Cannes, à côté de celui de Garde-Saint, il  a souvent été, et par moi le premier, confondu avec un habit d'académicien, ce qui est erroné.

Toujours est – il que l’influence de Victor TUBY n’a pas été négligeable sur la société tropézienne, Fidèle au serment des félibres il est à l’origine  avec Joseph CLAMON et beaucoup d’autres ensuite d’une  conscience provençale des populations et la prise en compte de cette dimension culturelle par les mainteneurs des traditions, qui prendra le nom mistralien de "Cépoun". Cela aboutira également à la création du groupe le " Rampeu****" et à la réintroduction dès les années 30 du costume provençal au sein de la procession, ce qui a contribué au lustre et à la réputation de l’évènement.

Il fera adopter par les bravadeurs l’hymne des félibres « Coupo Santo » contre-point provençal à l’autre hymne plus républicain créé quelques années plus tôt par Louis Hanrigou : « La Marseillaise des Bravadeurs ».




LES COSTUMES EXPOSES AU MOULIN DE FORVILLE DE CANNES
COLLECTION MUSEE DE FORVILLE A CANNES
Alain CAVAZZA (capitaine de ville 2008), dit avoir bien connu Madame Veuve TUBY  et être allé dans sa jeunesse la visiter en sa maison de Forville à Cannes,  c’était  une vieille dame de fort belle allure mais d’une approche très sévère qui l’impressionnait. Il précise, comme si cela était une caractéristique incontournable du Maître que sa boisson préférée était l’hydromel.  Boisson qu’il servait généreusement à ses visiteurs et contraignait les plus réticents à trinquer avec ce breuvage olympien.        
                                                                                                   

*Le col à revers que l'on voit n'est pas une originalité de plus, l'habit est bien semblable en tout point à celui des gardes saint mais sur le mannequin le col  a été retroussé de manière curieuse pour l’exposition

** Visible dans le square longeant l’avenue Général LECLERC à Saint-Tropez  qui d’après François COPPOLA, est une copie  refaite après guerre à partir d’un modèle récupéré justement au Moulin de Forville.  En bronze, l’original avait été confisqué par l’occupant.

*** Serge ASTEZAN précise que d'un caractère quelque peu tyrannique, l'artiste  s'est auto-désigné pour la fonction cette année là!
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**** Créé en 1951 TUBY n’aura pas connu le Rampeu puisque  décédé en 1945  à 57 ans malgré les tisanes et l’hydromel.
Annexes
Texte  édité à l’occasion du centenaire de la naissance de Victor Tuby en 1988, Aimablement communiqué par Monsieur Alain CAVAZZA.
Nous voulons célébrer et saluer la haute mémoire de VICTOR TUBY, fidèle à sa foi, à ses œuvres, à son Drapeau.
Rappeler le souvenir de cette année 1930 où l’on célébra avec solennité à Cannes, comme dans toute la Provence, le Centenaire de la naissance de Frédéric Mistral. C’est alors que devant le désir des Félibres et de tous les amoureux de la Patrie Provençale, de ses propres deniers, il accepta l’immense travail avec tous les risques et les responsabilités qu’il entraînait, de refaire une édition nouvelle du « TRESOR DU FELIBRIGE », dont la création remontait à 1856 ; Œuvre de Bénédictin qui auréola sa gloire. Il entreprend alors une vaste campagne auprès des littérateurs, des conférenciers, des historiens, des musiciens, voués au culte du passé de nos régions d’Oc. VICTOR TUBY organise un nombre considérable de manifestations Provençales, aux cours des quelles son groupement se couvrit de gloire. En 1922, il organise la « Santo Estello » qui fut un triomphe. Pour le Centenaire de MISTRAL, il réunit plus de 600 Félibres ; Ce jour là Madame MISTRAL qui était l’hôte de VICTOR TUBY reçut, devant la superbe statue de son regretté mari, les hommages de cinq ministres et de vingt deux ambassadeurs latins. Cet intellectuel composa également en vers une jolie pastorale qui fut jouée au Casino Municipal. Avec sa belle barbe d’Apôtre, son large chapeau, ses bottes fauves, sa veste de velours, une ample cape de berger par-dessus tout cela, la silhouette de VICTOR TUBY était devenue familière, presque légendaire, dans le pays de Provence depuis la mer jusqu’au Ventoux.
VICTOR TUBY vit le jour à la BOCCA, le 8 juin 1888. Il était d’une famille Provençale très ancienne dans la région. Après de sérieuses études chez les Marianistes de Cannes où il passa brillamment, avec dispense son baccalauréat, il alla à Paris pour préparer l’école nationale des Beaux Arts, car il visait la statuaire. C’est à Aix-en-Provence que TUBY découvre le Félibrige et devient un fervent disciple de MISTRAL. Mais la guerre survient, le détourne un temps du mouvement. Par une force attractive qui lui est particulière, TUBY groupe autour de lui toutes les classes de la Société : littérateurs, et artistes, vignerons, en un tout, qui fera les traditions du pays, ses us et coutumes, par la littérature, la chanson, l’art, le costume etc… Ainsi VICTOR TUBY dans ce costume qui le popularisa,  entreprit une belle croisade, non seulement à travers la Provence, mais aussi en dehors et parfois bien loin, communiquant sa flamme et sa foi, laissant des traces de son passage. Et, voulant faire partager son admiration pour le Maître de Maillane, il jalonna la Provence de monuments à sa gloire, dûs à son ciseau et à sa libéralité : Saint Raphaël, Sainte Maxime, Saint Tropez, Vence, Digne, Les Baux, Avignon, Le Cannet, Cannes.
Un éminent biologiste. Dans sa maison du Suquet « Le Moulin de Forville », ancien moulin abbatial, il étudia les effets des radiations telluriques et des diverses formes ondulatoires en général.
VICTOR TUBY va étudier à la faculté des Sciences de Marseille où il se livre à des travaux aux ouvertures insoupçonnées.
Il sera trop long d’entrer dans le détail de la vie si riche et trop courte de ce grand Cannois, qu’il est un devoir, non seulement de ne pas méconnaître, mais encore d’honorer et d’en suivre l’exemple plus que jamais salutaire dans les temps difficiles que nous traversons.
BIO (source internet)
Victor Tuby (1888-1945) 

Sculpteur, peintre, poète, félibre, biologiste, humaniste, Victor Tuby bâtit sa renommée locale sur son travail, inspiré de Mistral et visant à la réhabilitation de la langue provençale. Il entreprend ainsi la réédition du Trésor du Félibrige, œuvre magistrale de Mistral, et s’entoure de littérateurs, historiens, musiciens… passionnés du passé du pays d’oc, pour créer en 1919 l’Académie provençale. Mais au-delà de nos frontières, c’est par son ciseau de sculpteur que Tuby se fait connaître. Eminent biologiste, il se livre également à des travaux sur le effets des radiations telluriques et des diverses formes ondulatoires. Il transforme d’ailleurs une partie de son Moulin Forville en laboratoire pour réaliser ses expériences. Poète, il fait du Moulin un centre littéraire et un foyer de rayonnement de la culture latine.
Allée du Sud



dimanche 17 avril 2016

LE CAPITAINE DE VILLE: UNE INSTITUTION TROPEZIENNE

LA TRADITION QUI TIENT LE "CAP".

Tous les lundis de pâques le conseil municipal de Saint-Tropez nomme un « Capitaine de Ville » pour toute une année de traditions tropéziennes, nous lui souhaitons ainsi qu’à son état-major de bien belles bravades.
Cette institution a été ratifiée  par la lettre patente de Charles IX le 8 novembre 1564 lors d’une des plus extraordinaires campagnes de communication politique de l’histoire  à l’initiative de Catherine de Médicis : « Le Grand Tour de France », que le pouvoir royal en quête de reconnaissance, organisera à travers toutes les provinces du royaume. 
Charles IX à l'époque du Grand Tour de France par François Clouet.

C’est au deuxième jour de son escale à Marseille après avoir visité Toulon et traversé Hyères que le  jeune roi de 14 ans confirmera  enfin aux tropéziens,  l'instauration d'une charge  déjà ancienne de 6 années, remontant,  si on s’en réfère aux archives municipales, au  24 juin 1558, où Honorat COSTE était nommé capitaine de ville par l’assemblée communale, sur la proposition du Consul.
Rien d’étonnant que la régence en pleine opération de séduction satisfasse aux préoccupations des édiles et officialise ainsi une décision locale qui pourrait-être encore plus ancienne, comme nous le rappelle l'historien et conservateur du musée de la citadelle Laurent PAVLIDIS.
Cette officialisation n'a pas été du goût du seigneur du lieu Pierre de RENAULT qui y voyait une atteinte à ses prérogatives et adresse une protestation en 1573 au conseil municipal...(Cdt J ROSATI Saint Tropez à travers les siècles p 197).
C'est donc bien les habitants de la cité seuls,  qui en ont forgé le particularisme que cette institution nous parvient presqu'intacte.

La périodicité annuelle de la fonction : On y voit la volonté des Consuls de la cité de rester maîtres du jeu, et de ne pas se retrouver  un beau jour confronté à un « putsch » des capitaines ou à une dangereuse dynastie. Pourtant cette précaution démocratiquement  louable, avait sans doute la  fâcheuse contrepartie de voir remplacer un chef aguerri par une personnalité ayant de belles qualités humaines réunissant les suffrages mais moins compétente militairement. En tout état de cause cela démontre une belle santé  démographique et le dynamisme de la cité pour se permettre de remplacer chaque année un personnage d’une si haute importance stratégique.

La démarche élective : Si les documents les plus anciens ne nous renseignent pas sur les procédures et tractations occultes devant aboutir à l’élection officiellement proclamée dans les registres des délibérations, les écrits postérieurs dévoilent tout de même le souci de mettre à la tête de la phalange un personnage issu du consensus populaire, même si ces témoignages ne concernent que la période d’honorariat de la charge, ils puisent certainement leur origine dans des coutumes antérieures :
Par H MAQUAN (Sous les oliviers de Provence 1861) « … Suivant l’ancienne coutume, le Capitaine de Ville festine chaque année avec le corps des mousquetaires, le lendemain de la bravade.
Le dîner des mousquetaires a lieu dans un des hôtels de la ville.- A la fin du repas les toasts commencent et on propose « inter pocula[1] » le capitaine de l’année suivante.- Mais cette désignation n’est pas une élection, on y procède chaque année le lundi de Pâques. – Le capitaine élu est appelé séance tenante au sein du conseil, le maire lui communique le résultat de la délibération, il descend ensuite sur la porte de l’hôtel de ville et le proclame, le peuple répond par des vivats, et le corps des mousquetaires par une violente décharge… »

Les attributs : Registre des délibérations du conseil communal du 1er Janvier 1761 « … il a été délibéré que l’épée que la communauté donne ordinairement au capitaine de ville, ne lui sera donnée à l’avenir que lorsque ce même capitaine marchera le jour de la fête de Saint Tropez à la tête de la bravade et festinera le dit jour les mousquetaires qui marcheront à sa suite, et venant à manquer à quelqu’une des conditions cy-dessus, ce même capitaine n’aura aucune épée, mais seulement cinquante livre pour ses honoraires, suivant l’ancien règlement… ». 
Laurent PAVLIDIS nous rappelle également qu'à cette époque la fonction avait perdu de sa substance et devenait honorifique, la "Royale" en effet depuis Colbert défend les côte méditerranéenne et permets  donc nos Capitaines  " terrestres" de revenir à leur compétence première: le commandement  au long cours  pour  faire "la caravane" au levant (G BUTI .Saint-Tropez : cité corsaire et patrie de Suffren)
Encyclopédie de Diderot et d'Alembert
L’instrument emblématique de la fonction est tout d’abord la pique , appelé aussi esponton, il  est  l’attribut du commandement des officiers proches de la troupe pendant tout l’ancien régime,  C’est un signal de ralliement, porté haut, comme une canne de tambour major, il sert à transmettre des ordres silencieux aux éléments de la troupe les plus éloignés, horizontalement il règle les alignements, corrige une attitude, ordonne le feu etc… 
Le salut du Capitaine de Ville serait donc l’héritage du « Salut à l’esponton » que Denis DIDEROT a décrit dans son Encyclopédie (Ordonnance du 14 mai 1754), cette tradition ayant disparue avec la révolution et les nouveaux règlements consulaires et de l’empire. 

Un salut vers 1850 (Oustaou de la Bravado)
Cette résurgence du passé se superposant aux éléments d’équipements et d’uniformes d’un autre âge constitue une strate supplémentaire du millefeuille culturel dont se nourrit la commémoration annuelle de la bravade pour en faire un évènement unique et inimitable. 

La pique utilisée possède un  fer en forme de feuille et son manche  est muni d’un sabot  métallique à l’autre extrémité,  elle est semble-il, inspirée de la demi-pique ou espontons des officiers d’infanterie en cours dans l’armée française jusqu’en 1755. Alors qu'il n'existe pas de pique de commandement dans la marine, l'utilisation de cette arme couplée avec un l'uniforme de marin démontre bien l'imbriquement des fonctions du commandement terrestre (la pique) vers le commandement maritime (l'uniforme).
"Demy pique" de commandement (dessin C Aries). Très proche de la pique actuelle du C.V de Saint-Tropez.


Epée d'officier de marine modèle 1902
Reste l’épée, dont l’attribution est devenue traditionnelle après quelque fluctuation temporelle. Nous ne connaissons pas le  modèle de l’épée donnée au 18e siècle  aux capitaines tropéziens  respectueux des traditions, mais qui devait être, comme la pique, issue des armes en dotation dans l’infanterie[2].  
Celle qui a été remise au capitaine de ville lors d’un toast porté en son honneur, est en concordance avec l’uniforme d’officier de marine que revêtiront les membres de l’état-major, une épée règlementaire modèle 1902, toujours en service actuellement dans la marine, fourbie par la maison CHEVALIER D’AUVERGNE gravée à son nom et portant la mention « AD USQUE FIDELIS » 

La date de la nomination. La première délibération connue porte la date du 21 juin, ensuite les dates sont variables mais  très souvent  l’élection du capitaine de ville porte la date du 1er janvier (1664 – 1683 – 1761). Cette période hivernale est somme-toute logique, en effet cette saison est peu propice aux actions militaires, les attaques maritimes devaient porter à coup sûr, une tempête ou une mauvaise mer contrariaient les plans d’attaque. La cité profitait de cette accalmie militaire  pour s’organiser stratégiquement.
Le lundi de Pâque n’apparaît dans les écrits que plus tard, l’évènement qui n’est plus que symbolique devait être  accompagné de manifestations festives  qui requerraient de meilleurs hospices météorologiques qu’en janvier, mais devaient se dérouler tout de même  avant les fêtes votives et les  commémorations situées au printemps et en été. L’octave de pâques[3] chômé , puis réduit par Napoléon 1er au seul lundi devenait alors  opportun.

Nous remercions Laurent PAVLIDIS pour son éclairage, le Cépoun Serge ASTESAN pour sa condescendance et G BUTI pour ses recherches mise à la disposition de chacun sur internet:






[1] Expression latine « inter pocula silent negotia »: Entre les verres les affaires se taisent.
[2] Il existe une pique de marine, mais sans connotation de commandement et  d’un dessin bien différent.
[3] Période de huit jours après Pâques consacrée aux offices religieux quotidiens et traditionnellement chômée.