Un académicien excentrique, pluridisciplinaire et génial à la tête de la bravade de 1925.
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TUBY 1937 |
Si vous vous
promenez à Cannes et que vous grimpez la
rue Forville un panneau vous interpellera
: Musée Forville ouvert tous les premiers samedi du mois de 15 h à 18
h... Si c’est le
cas vous pouvez monter quelques marches et toquer à la porte.
Dans une pièce à l’éclairage tamisé meublée de
radassiers et de bahuts provençaux un monsieur et des dames autour
d'une table, où sont servis thé et chocolat, vous accueilleront. Puis le guide
entreprendra de vous faire visiter les lieux
qui sont, dit-il la demeure du peintre et sculpteur Victor TUBY.
Dans une
première pièce servant d’atelier d’artiste sont alignées des sculptures et modèles en plâtre, des tableaux, des
projets de monuments aux morts, ainsi qu'une vieille Rosingart carrossée en
pickup ....la visite continue dans les pièces qui
constituaient l'ancien moulin à huile de Forville (le plus ancien de la région
encore debout paraît-il).
On traverse
la salle à manger meublée avec un exceptionnel ensemble Napoléon 1er
"Retour d' Egypte", puis le laboratoire de recherche
de chimie et herboristerie avec encore quelques productions
étonnantes dont un médicament antidote contre les gaz de guerre! Enfin
c'est la dernière pièce avec les effets de cet artiste. On y trouve un
habit que l’on ne s’attendrait pas à voir porter par un cannois, c’est un uniforme de bravadeur de Saint-Tropez*.
Né en 1888,
les TUBIE famille aisée cannoise de
souche, son père François était avocat, Victor étudie les beaux arts à Paris, grand
blessé 14 - 18 - il embrasse une carrière de sculpteur et de peintre. Touche à
tout il entreprend des recherches en herboristerie et compose des médicaments
"naturels" à partir de plantes médicinales qu'il collecte avec
la fameuse Rosingart dans la campagne cannoise. Ami de Mistral il crée
l'Académie Provençale à la BOCCA qui a pour but
d'enseigner et perpétuer tout ce qui a trait à la culture de ce pays.
Il rend hommage à ses camarades de guerre en dessinant et sculptant des
monuments aux morts dans quelques villes
de Provence dont Saint-Raphaël vers 1920 sous son nom d’artiste TUBY, ce nom
n’est semble-t-il pas dû au hasard, en effet cet ancien étudiant des Beaux-Arts
de Paris l’a choisi en souvenir d’un autre TUBY Jean-Baptiste créateur de la
fontaine d’Apollon à Versailles. Certains articles rencontrés sur la toile de
nos jours le donne comme descendant du sculpteur de Louis XIV. Le petit mystère
entretenu par Victor a sans–doute porté ses fruits !
A partir de
ces années on le voit prendre le tromblon dans le corps d’élite des
gardes-saint de la bravade de Saint-Tropez, là, votre guide, bien qu’il
connaisse cette étrange manifestation, ne vous apprendra rien de plus: Comment a-t-il intégré les
rangs de cette troupe célébrant chaque année les faits d’armes de l’ancienne
milice de la cité du bailli de Suffren, et uniquement composé de membres de
familles tropéziennes?
Alain
CAVAZZA propose une explication en se souvenant que sa famille et la famille de
l’artiste étaient proches, ce dernier
étudiait sans doute aussi un projet de monument aux morts pour
Saint-Tropez. Ce furent-là peut-être
deux opportunités pour que se rencontrent deux forts caractères : Louis SANMARTIN et Victor TUBY qui se sont estimés réciproquement ayant fait tous deux une « belle » guerre,
SANMARTIN aux DARDANELLES et TUBY en tant que capitaine décoré cité à l’ordre
du 312e d’artillerie comme soldat « montrant toujours le même entrain et beaucoup de dévouement comme chef
de section puis comme commandant. Courageux. »
Victor TUBY faisait en outre partie des 500 sculpteurs
français pour qui la guerre de 14 18 a représenté une « deuxième renaissance » pour la sculpture comme le
disait justement Maurice
Barrier à Ph Noiret dans (LA VIE ET RIEN D'AUTRE de Bertrand Tavernier): "35 000 communes en France qui
veulent toutes leur monument … » et qu’il a
bien exécuté pour ce village le monument aux morts et le buste du général
Allard, soldat de la grande armée devenu vice-roi des indes**. (Autre
exceptionnel Destin)
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TUBY monument aux morts St Raphaël. |
A l’ époque où
les rescapés du massacre devaient honnir toute détonation et tous simulacre de
violence armée, il fallait dénicher de forts caractères qui pouvaient légitimer une commémoration malgré les pénibles
souvenirs. La reprise des bravades n'a pas dû être facile! Elle ne s'est faite qu'en 1921, soit trois années après l’armistice, grâce à la volonté du futur Cépoun major de son oncle Jean-Baptiste SANMARTIN Capitaine de Ville cette
année-là.
TUBY en tant que disciple de
MISTRAL a sans doute apporté cette caution intellectuelle confortant les
mainteneurs dans leur volonté de faire perdurer les bravades contre toute évidence
puisque la quasi-totalité des bravades armées du Var et des Alpes-Maritimes ont
disparu le lendemain de la grande guerre. Il a sans doute donné le sang neuf
qui allait aider à basculer les traditions dans le nouveau siècle en leur
préparant le très bel avenir qu’on leur connaît.
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TUBY 1925 |
On se souviendra que l’artiste
fut à la tête de la bravade de 1925***, il en subsiste quelques témoignages
iconographiques, où on le voit saluer de la pique revêtu d'un habit d'officier supérieur de corps assimilé (certainement de directeur de service de santé de la marine modèle 1891) Cet habit est exposé au musée du moulin de Forville de Cannes, à côté de celui de Garde-Saint, il a souvent été, et par moi le premier, confondu avec un habit d'académicien, ce qui est erroné.
Toujours est
– il que l’influence de Victor TUBY n’a pas été négligeable sur la société tropézienne, Fidèle au serment des félibres il est à l’origine avec Joseph CLAMON et beaucoup d’autres
ensuite d’une conscience provençale des
populations et la prise en compte de cette dimension culturelle par les
mainteneurs des traditions, qui prendra le nom mistralien de "Cépoun". Cela aboutira également à la création du groupe le " Rampeu****" et à la réintroduction dès les années 30 du costume
provençal au sein de la procession, ce qui a contribué au lustre et à la
réputation de l’évènement.
Il fera adopter par les
bravadeurs l’hymne des félibres « Coupo Santo » contre-point
provençal à l’autre hymne plus républicain créé quelques années plus
tôt par Louis Hanrigou : « La Marseillaise des Bravadeurs ».
LES COSTUMES EXPOSES AU MOULIN DE FORVILLE DE CANNES
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COLLECTION MUSEE DE FORVILLE A CANNES |
Alain CAVAZZA (capitaine de ville 2008), dit avoir bien
connu Madame Veuve TUBY
et être allé
dans sa jeunesse la visiter en sa maison de Forville à Cannes,
c’était
une vieille dame de fort belle allure mais
d’une approche très sévère qui l’impressionnait. Il précise, comme si cela
était une caractéristique incontournable du Maître que sa boisson préférée était
l’hydromel.
Boisson qu’il servait
généreusement à ses visiteurs et contraignait les plus réticents à trinquer
avec ce breuvage olympien.
*Le col à revers que l'on voit n'est pas une originalité de plus, l'habit
est bien semblable en tout point à celui des gardes saint mais sur le
mannequin le col a été retroussé de manière curieuse pour l’exposition
** Visible dans le square longeant l’avenue Général LECLERC à Saint-Tropez qui d’après François COPPOLA, est une copie refaite après guerre à partir d’un modèle
récupéré justement au Moulin de Forville.
En bronze, l’original avait été confisqué par l’occupant.
*** Serge ASTEZAN précise que d'un caractère quelque peu tyrannique, l'artiste s'est auto-désigné pour la fonction cette année là!
.
**** Créé en 1951 TUBY n’aura pas connu le Rampeu
puisque décédé en 1945 à 57 ans malgré les tisanes et l’hydromel.
Les sites amis de Victor TUBY
E vivo l'amistanço de Cano e San Troupé!
Annexes
Texte édité à l’occasion du
centenaire de la naissance de Victor Tuby en 1988, Aimablement communiqué par
Monsieur Alain CAVAZZA.
Nous voulons célébrer et saluer la haute mémoire
de VICTOR TUBY, fidèle à sa foi, à ses œuvres, à son Drapeau.
Rappeler le souvenir de cette année 1930 où l’on
célébra avec solennité à Cannes, comme dans toute la Provence, le Centenaire de
la naissance de Frédéric Mistral. C’est alors que devant le désir des Félibres
et de tous les amoureux de la Patrie Provençale, de ses propres deniers, il
accepta l’immense travail avec tous les risques et les responsabilités qu’il
entraînait, de refaire une édition nouvelle du « TRESOR DU
FELIBRIGE », dont la création remontait à 1856 ; Œuvre de Bénédictin
qui auréola sa gloire. Il entreprend alors une vaste campagne auprès des
littérateurs, des conférenciers, des historiens, des musiciens, voués au culte
du passé de nos régions d’Oc. VICTOR TUBY organise un nombre considérable de
manifestations Provençales, aux cours des quelles son groupement se couvrit de
gloire. En 1922, il organise la « Santo Estello » qui fut un
triomphe. Pour le Centenaire de MISTRAL, il réunit plus de 600 Félibres ;
Ce jour là Madame MISTRAL qui était l’hôte de VICTOR TUBY reçut, devant la
superbe statue de son regretté mari, les hommages de cinq ministres et de vingt
deux ambassadeurs latins. Cet intellectuel composa également en vers une jolie
pastorale qui fut jouée au Casino Municipal. Avec sa belle barbe d’Apôtre, son
large chapeau, ses bottes fauves, sa veste de velours, une ample cape de berger
par-dessus tout cela, la silhouette de VICTOR TUBY était devenue familière,
presque légendaire, dans le pays de Provence depuis la mer jusqu’au Ventoux.
VICTOR TUBY vit le jour à la BOCCA, le 8 juin
1888. Il était d’une famille Provençale très ancienne dans la région. Après de
sérieuses études chez les Marianistes de Cannes où il passa brillamment, avec
dispense son baccalauréat, il alla à Paris pour préparer l’école nationale des
Beaux Arts, car il visait la statuaire. C’est à Aix-en-Provence que TUBY
découvre le Félibrige et devient un fervent disciple de MISTRAL. Mais la guerre
survient, le détourne un temps du mouvement. Par une force attractive qui lui
est particulière, TUBY groupe autour de lui toutes les classes de la
Société : littérateurs, et artistes, vignerons, en un tout, qui fera les
traditions du pays, ses us et coutumes, par la littérature, la chanson, l’art,
le costume etc… Ainsi VICTOR TUBY dans ce costume qui le popularisa, entreprit une belle croisade, non seulement à
travers la Provence, mais aussi en dehors et parfois bien loin, communiquant sa
flamme et sa foi, laissant des traces de son passage. Et, voulant faire
partager son admiration pour le Maître de Maillane, il jalonna la Provence de
monuments à sa gloire, dûs à son ciseau et à sa libéralité : Saint
Raphaël, Sainte Maxime, Saint Tropez, Vence, Digne, Les Baux, Avignon, Le
Cannet, Cannes.
Un éminent biologiste. Dans sa maison du Suquet
« Le Moulin de Forville », ancien moulin abbatial, il étudia les
effets des radiations telluriques et des diverses formes ondulatoires en
général.
VICTOR TUBY va étudier à la faculté des Sciences
de Marseille où il se livre à des travaux aux ouvertures insoupçonnées.
Il sera trop long d’entrer dans le détail de la
vie si riche et trop courte de ce grand Cannois, qu’il est un devoir, non
seulement de ne pas méconnaître, mais encore d’honorer et d’en suivre l’exemple
plus que jamais salutaire dans les temps difficiles que nous traversons.
BIO (source
internet)
Victor Tuby
(1888-1945)
Sculpteur,
peintre, poète, félibre, biologiste, humaniste, Victor Tuby bâtit sa renommée
locale sur son travail, inspiré de Mistral et visant à la réhabilitation de la
langue provençale. Il entreprend ainsi la réédition du Trésor du Félibrige,
œuvre magistrale de Mistral, et s’entoure de littérateurs, historiens,
musiciens… passionnés du passé du pays d’oc, pour créer en 1919 l’Académie
provençale. Mais au-delà de nos frontières, c’est par son ciseau de sculpteur
que Tuby se fait connaître. Eminent biologiste, il se livre également à des
travaux sur le effets des radiations telluriques et des diverses formes
ondulatoires. Il transforme d’ailleurs une partie de son Moulin Forville en
laboratoire pour réaliser ses expériences. Poète, il fait du Moulin un centre
littéraire et un foyer de rayonnement de la culture latine.
Allée du Sud
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