Les yoyes de nos jours |
A Saint-Tropez "les yoyes" ou "les joies" se matérialisent en un
défilé d’enfants portant au bout de leur cannes des flots de rubans. Elles paraissent n'être que de mini-répétitions de la fête à venir, se renouvelant chaque dimanche avant la bravade, pour l'annoncer, comme une sorte de calendrier de l'avent.
Une photo du début du siècle dernier atteste que cette tradition perdure depuis des lustres et relie les spectaculaires commémorations tropéziennes aux grandes traditions provençales des fêtes votives qu’ont fait revivre les félibres et maintenant d’autres nombreuses associations folkloriques.
Une photo du début du siècle dernier atteste que cette tradition perdure depuis des lustres et relie les spectaculaires commémorations tropéziennes aux grandes traditions provençales des fêtes votives qu’ont fait revivre les félibres et maintenant d’autres nombreuses associations folkloriques.
Cette photographie montre, les yoyes entourant la clique qui donne l’aubade, le 16 mai au matin comme cela s'est fait, rappelle Serge ASTEZAN jusque dans les années 50.
Les "yoyes" au début du siècle dernier. |
Au bout des cannes pendent de véritable bannières qui pouvaient être des écharpes multicolores avec leur franges et non des rubans comme aujourd'hui , c'est une survivance d'une très ancienne tradition, dont comme souvent, on oublie la signification première.
Elle survit dans bon nombre de villages de Provence, par exemple Au Beausset lors de la Sainte Barbe, où on use comme à Saint Tropez du terme "yoyes" déformation francisée du mot provençal "joio".
Frédéric MISTRAL nous dit comment est lourd le sens du mot
provençal de « joio », qui signifie en même temps joie et prix : On dit « courre
li joio » c’est-à-dire « courir les prix. Les fleurs décernées
aux jeux floraux de Toulouse était appelées « joyas » De là le mot français joyau.
le porto-joio de Roquefort la Bédoule. |
Lors des fêtes de la Saint Eloi patron des charretiers de
Roquefort la Bedoule , Gemenos, Plan de Cuques, et Château Gombert sont sortis
les attributs de la corporations et promenés en ville au bout d’une perche
ressemblant à un mât de cocagne, à Roquefort la Bédoule cet ensemble appelé
« porto joio » est confié au
chef de la cérémonie, les érudits du lieu disent qu’à cet instrument étaient suspendus
les prix que remportaient les charretiers aux jeux qu’ils pratiquaient ce
jour-là, le plus souvent des brides richement décorées. http://l-estrangie-e-li-santoun.over-blog.com/2015/07/roquefort-la-bedoule-la-sortie-des-emblemes.html
Jadis à Saint-Tropez, lors des jeux pratiqués en marge de la
bravade, étaient décernés à titre de récompense des rubans ou une écharpe. Ces lots étaient modestes mais présentaient le plus grand intérêt lors de ces fêtes dites « votives* », qui étaient destinées, entre
autre, à faciliter les rencontres entre
filles et garçons, et par la même contribuaient au renouvellement de la population.
Affiche de la bravade 1895 avec les prix des concours. |
Les lauréats des jeux,
devenant les partis forcément les plus désirables, se
paraient pour être reconnaissables du trophée reçu en prix qui avait été exhibé les dimanches précédents lors des « joio »,
après la messe, qui à l’époque était un passage obligé de la
gent féminine. Les jeunes filles en quête d’un fiancé pouvaient reconnaître ainsi
un vainqueur et rêver de se voir offrir par cet éventuel « futur »
l’écharpe ou le ruban gagné de haute lutte.
On trouve également une explication selon quoi ces expositions dominicales incitaient les villageois à participer financièrement à l'achat des lots.
ANNEXES
Étymologiquement la « fête votive » vient du mot lo vot en ancien
provençal : « promesse faite au ciel par laquelle on s’engage à
quelque œuvre non obligée ».
En français l’expression fête votive est attestée depuis 1876, propre à certaines régions, avec le sens de « fête patronale ». Succédant aux fêtes païennes, la fête votive (faite en vertu d’un vœu ou d’une promesse faite au ciel) était une manifestation célébrée par tous en l’honneur d’un saint patron du village au jour prévu dans le calendrier à travers différents événements et défilés dans les rues. De nos jours ces festivités ont été décalées aux beaux jours.
En français l’expression fête votive est attestée depuis 1876, propre à certaines régions, avec le sens de « fête patronale ». Succédant aux fêtes païennes, la fête votive (faite en vertu d’un vœu ou d’une promesse faite au ciel) était une manifestation célébrée par tous en l’honneur d’un saint patron du village au jour prévu dans le calendrier à travers différents événements et défilés dans les rues. De nos jours ces festivités ont été décalées aux beaux jours.
Les
traditions camarguaises se sont mêlées à ces fêtes pour en devenir parmi les
principales animations avec les courses camarguaises, encierros, abrivados,
bandidos mais aussi des concerts, bals, spectacles, concours de boules,
attractions qui participent à la convivialité de ces nombreuses fêtes
aujourd’hui.
…Avant la guerre de 14-18, la fête votive était gérée par de jeunes hommes célibataires et marquait le rendez-vous des garçons et des filles, comme une constitution et une reconnaissance publique des jeunes couples… L'exode rural et particulièrement le départ des jeunes après la guerre de 14-18, priva la fête de son sens profond.
Le temps fort de la fête d'aujourd'hui, c'est moins le bal… et davantage les activités annexes de la fête d'autrefois. Le concours de boules prend une place de choix, ainsi que les manèges et les jeux de foire. S'il en est ainsi, c'est que la fête de la jeunesse est devenue la fête du village… Elle s'est aussi déplacée dans la saison, le recul du blé et le développement du raisin de table à vendanger en septembre ont permis la coïncidence entre temps des fêtes et temps des vacances.
Jadis, la fête était la célébration de l'intérieur. Elle est devenue la rencontre entre les habitants et les résidents. Pour les premiers, elle reste le moment fort de la vie communautaire même si elle a changé d'objet social. Pour les seconds, elle est un moment important de leurs vacances ; mais pour eux, la vie communautaire n'est vécue que comme le lieu spectaculaire de leur intégration au village.
La fête votive de nos jours, pose le problème de la banalisation du folklore et de la confusion des jeux. Pour être vivante, la fête de village s'ouvre aux modes ludiques modernes, mais doit retrouver ses jeux traditionnels pour demeurer significative. Les organisateurs des fêtes contemporaines - héritiers des abbés de la jeunesse - s'emploient presque partout à rénover les coutumes anciennes.
Chaque région de Provence met évidemment l'accent sur la « spécialité du pays » : courses de taureaux et abrivades en région mistralienne, courses de chevaux dans les Alpilles, jeux nautiques à l'Isle-sur-la-Sorgue et joutes dans les ports du littoral, cavalcades et corsos dans les villes de l'intérieur.
Mais partout, on court les joies, selon l'expression provençale, courre li joio, c'est-à-dire qu'on concourt pour les prix.
Le sport est né dans les fêtes de village.
Avant le football… les jeunes gens avaient pour se mesurer les luttes, les joutes, les courses à pied ou à cheval… Seul, le jeu de boules conserve son rôle à la fois distractif et compétitif. Il n'est pas de fête sans concours de pétanque, que les boulomanes connaissent depuis, dit-on, 1910, en remplacement du jeu à la longue attesté depuis la Révolution.
Source : Les Fêtes en Provence, Jean-Paul CLEBERT, Editions Aubanel, Avignon, 1982
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