samedi 25 avril 2015

L'ABBE GUILLERMIN ET L'HISTOIRE DE TROPEZ SULEYMAN



En ces temps de recrudescence de la violence organisée contre les communautés chrétiennes de l’orient de l’Afrique et des attaques sporadiques en Europe même. En ces temps de commémorations des massacres contre la communauté Arménienne. Le livre de l’abbé Joseph Abel GUILLERMIN, « Les Martyrs de la Côte d’Azur » reprend le sens qu’il perdait peu à peu depuis l’année 1902 date de sa parution, et de la disparition de son auteur.

 

L’Abbé GUILLERMIN Aumônier du pensionnat des Ursulines de Jésus (plus connu sous le nom du couvent des Platanes à Saint-Tropez) est né en 1845 à Apprieu (Isère), on ne connaît pas sa carrière d’ecclésiastique en détail mais il s'inscrit dans la lignée  des religieux épris d’histoire qui se sont lancé dans l’aventure littéraire, comme  l’Abbé ESPITALIER autre érudit tropézien. On doit à l'abbé GUILLERMIN entre-autre une vie de Monseigneur DARBOY, archevêque de Paris, fusillé par la commune en 1871, et une biographie de Monseigneur Louis RENDU évêque d’Annecy, dont il était très proche.





Le roman historique « Les Martyrs de la Côte d’Azur » (Edition Société de Saint Augustin)  dans la période troublée du haut moyen-âge, relate les aventures naïves et édifiantes de TROPEZ SULEYMAN, prince du désert  poursuivi par ses compatriotes pour d’obscures raisons et  qui se voit échoué sur les rivages de Provence. Bientôt aux côtés de chrétiens provençaux qui le recueillent et le soignent  il est touché par la grâce et se converti.

Ce livre dont la production a été presqu’intégralement destinée à constituer les prix de catéchisme qui ont été distribué aux jeunes gens et jeunes filles méritants du début du siècle, ne cache pas qu’il est romancé mais s’appuyant sur des faits historiques réels. Réels, certes, mais tout de même avec une vision biaisée, l’abbé ne rapporte bien évidemment pas les exactions des troupes franques (et chrétiennes) contre Nîmes et Avignon en 736, mais nous dirait-il,  là n’était pas son propos. De toute manière l’Abbé GUILLERMIN rappelé à Dieu l’année même de la parution de son ouvrage ne pouvait plus répondre à d’éventuelles critiques.
                                                                                         DC  le  25 avril  2015

Ci-après la retranscription de l’avant-propos de l’ouvrage

 AVANT PROPOS

L’histoire de la Côte d’Azur, à la période de la première invasion sarrasine, présente des épisodes aussi puissamment intéressants que peu connus.

Faire revivre les principaux : ceux de Lerins et de Saint-Tropez, auxquels se réfèrent tous les autres, est le but de cette légende.

Elle a pour cadre le récit des aventures qui conduisirent le prince Suleyman du fond de l’Arabie aux rives de Lérins et de Saint-Tropez et de la religion de Mahomet, à la foi chrétienne et à la mort pour le Christ.

Il nous a semblé qu’il ne serait pas sans charme pour le lecteur d’entendre parler de l’antique Provence ; de visiter les rivages célèbres de Lérins, Fréjus, Saint-Tropez; de voir réapparaitre un instant ces héros dont la vie sublime, féconde, est généralement trop ignorée aujourd’hui : Saint Honorat, saint Aigulphe, saint Porcaire, saint Tropez, la vierge Eusébie et ses compagnes ; enfin, de se rendre compte de ce que fut le mystérieux et terrible drame de la première invasion musulmane.

Notre action se déroule à une époque bien différente de la nôtre et particulièrement attachante. Au prélude du VIIIe siècle, le christianisme est en plein épanouissement dans toute la Provence. Des îles Stoechades, (îles d’Hyères) à Nice, des monastères de religieux et moniales sont disséminés sur toute la côte ; beaucoup de fidèles, même dans le monde, tendent à la perfection évangélique : la ferveur admirable des premiers chrétiens renaît dans notre beau pays. Ce ces générations de héros à la foi ardente, serait sortie sans doute, à bref délai, une civilisation nouvelle, qui eût enfanté des merveilles. L’irruption inopinée des Barbares fit tout sombrer dans le sang et le feu ; mais le plan de la providence fut révélé : elle avait préparé sur la Côte d’Azur un peuple de martyrs !

L’invasion y fut un coup de foudre.

Après l’écrasement général des armées de L’Islam par Charles Martel dans les plaines de Poitiers (en 732), l’Europe chrétienne était à jamais sauvée du Croissant….

… Les survivants de leur armée prirent la fuite et disparurent. On sut plus tard, qu’ils étaient allés se retirer dans les montagnes boisées impénétrables qui s’étendent le long de la Méditerranée, des îles Stoechades à l’Argens et à Saint-Tropez.

Le Croissant n’avait jamais été arboré sur la Côte d’Azur ; ses habitants, surtout après la victoire décisive du Canet, se crurent encore en sécurité ; on s’attendait  quotidiennement  au départ des Infidèles pour l’Espagne  ou pour l’Afrique.

Tel avait été le projet de ceux-ci, d’abord. Mais, au bout de quelques jours, quand ils se virent en nombre, un émir expérimenté  leur tête, dans des campements naturels inattaquables, eu un climat enchanteur, la confiance leu revint. Pourquoi ne pas passer là, pensèrent-ils, quelques temps à refaire leur forces, guérir leur blessés, réorganiser leur troupe ? Du sommet de leur collines où régnait un éternel printemps, apparaissaient au loin des cités ravissantes : Saint-Tropez et son golfe, Fréjus, Lérins, Antibes, etc.

Devant ce paradis, leur convoitise s’alluma aussi ardente que la soif de représailles. Dans le mystère de la montagne, l’émir se mit à reformer une petite armée, en même temps que, sur le rivage, il disposait un chantier pour la construction de navires. Plusieurs mois s’écoulèrent ainsi et, à la fin de l’été, tout fut prêt. Alors, semblables à l’aigle qui, soudain, sort de son aire, les troupes maures descendirent de leurs retranchements, et bientôt coururent au loin ces nouvelles qui partout semèrent l’épouvante : « Les religieux de Lérins furent massacrés, leur monastère incendié ! Saint Tropez a été détruit, en une nuit ! Athenopolis, Sambracis, Cemelium, Nice, n’existent plus ! La place où furent ces cités riantes est devenue un monceau de ruines, un désert… »

Voilà quelques-uns des épisodes auxquels touche notre relation. Quelle fiction pourrait les égaler en intérêt dramatique ! Aussi, en dehors de l’action Légendaire, fil conducteur de notre récit, nous sommes –nous appliqué à rester scrupuleusement fidèle à la vérité historique.
Abbé Joseph GUILLERMIN  Saint-Tropez 1902

vendredi 24 avril 2015

LOUIS FABRE 1887-1968. UN MAIRE VISIONNAIRE.



   

LOUIS FABRE EN 1958
Né à Saint-Tropez en 1887, élu aux élections municipales en 1947, réélu en 1953, puis en 1959, le commandant Fabre fut maire de Saint-Tropez, 18 ans, sans interruption.
Ses 3 mandats, après la guerre de 39-45, ont contribué à la reconstruction du vieux port dynamité en 1944, cela avec peu de moyens et de financements, ce qui n'était pas une
 petite affaire.                                                             

A la suite du baby boum de l’après-guerre, son objectif est dirigé vers la jeunesse et une nouvelle école maternelle est construite dans la verdure derrière la place des lices. L’école de garçons de la place du 15eme Corps est surélevée d’un étage. Un cours complémentaire est également créé à proximité. Les sportifs ne sont pas oubliés et la salle omnisports qui portera plus tard le nom de Jean Despas est élevée en centre-ville. Elle sera la première qui accueillera les matchs sous abri de basket et de volley-ball et de gymnastiques. Des moniteurs de sports sont employés pour diriger la jeunesse vers les équipes de l’union sportive tropézienne qui multiplie ses sections. Celles-ci sont dotées enfin de subventions municipales.
                                                                                                                        
A la suite de la formidable réussite du groupe Folklorique "Lou Rampeu" il fait adosser à la salle Jean Despas un "Fougaou".                                                                                                   

Au début de son troisième mandat, il fait voter le conseil municipal pour demander le concours des services des ponts et chaussées, pour l’étude et l’évaluation du projet d’agrandissement du port devenu trop petit.    Le dit service se verra confier la direction des travaux et la mènera jusqu’à son terme.

Afin de répondre aux besoins de la population, des délibérations du conseil municipal sont prises en 1963 pour permettre l’acquisition des terrains nécessaires à la construction de logements sociaux à l’entrée de la ville, ce sont les grands terrains Grépa et Allard qui font l'objet d’enquêtes publiques, pour les réserver à la commune.             

L'opération Grépa  réussira avec la construction par la suite de 200 logements pour les familles tropéziennes à la résidence Saint-Antoine.

En revanche, et malheureusement, bien que réservés pour le développement de la commune qui devait suivre, le maire suivant, Jean Lescudier, a laissé partir aux promoteurs  les six hectares de la propriété Allard. Ils étaient destinés, après enquête publique, au déplacement et à la modernisation des services administratifs, scolaires, sociaux et sportifs de Saint-Tropez. Ce sont actuellement les grands immeubles cubiques qui s'étendent de l'Eden Parc jusqu'aux Amouriés, chemin des Amoureux et avenue Leclerc.

La culture et l’histoire de la cité n'étaient  pas oubliées par l'ouverture en  juillet 1958  de la Citadelle, jusque là inaccessible aux Tropéziens.

Puis, Louis Fabre et le mécène Georges Grammont, concrétisent ensembles la modernisation du magnifique musée de peintures modernes de l'Annonciade.

En 1960, il achète et réserve la colline de mademoiselle Gaborit au Moulin Blanc pour créer un lotissement social.

Le boulevard de la mer (avenue général de Gaulle) devient son objectif pour doubler l’avenue Leclerc saturée par la circulation. La nouvelle gare C.P est construite, déplacée pour réaliser la poste actuelle inaugurée par un ministre.

Monsieur Fabre fait aussi voter le projet de l’usine d’épuration des eaux usées de la ville. Pour cela, il propose et obtient la disposition du grand collecteur d’égout en créant la magnifique promenade allant par le littoral, de la Tour du Portalet au vieux port des pêcheurs.                             

C’est sous son premier mandat que Saint-Tropez fut doté pour la première fois d’un canot de sauvetage en mer : le « Bally de Suffren ».

Commencée par le Vieux Port, reconstruit en 1950, son action pour le port s’achève par la réalisation des appontements des plaisanciers en 1964, ainsi que la réhabilitation du port des pêcheurs à la Ponche.       

Durant ses états de services dans la marine, Louis Fabre, jeune pêcheur à ses  débuts, devient matelot, puis  capitaine au cabotage. Plus tard, capitaine au long court, suite à  ses brillantes études à l’école locale d’hydrographie de Saint-Tropez. Il commande alors les magnifiques paquebots comme le Maréchal Lyautey, le Koutoubia, l’Arzou et le Bamako, de la compagnie Paquet de Marseille. Il sera à la barre d’un de ces bateaux en avril 1940, pendant la guerre, pour assurer le transport des chasseurs alpins à Narvik en Norvège.

Louis Fabre termine son troisième et dernier mandat de maire en 1965 à âge de 81 ans. Il décède en 1968.

Le 17 aout 1987, la municipalité a commémoré le centenaire de sa naissance à Saint-Tropez par l’évocation de ses longues carrières maritimes et municipales.
Louis Fabre, maire visionnaire, méritait bien l’hommage des Tropéziens. Et certainement avoir son nom sur une voie où une des nombreuses réalisations qui ont mis Saint-Tropez sur la voie du progrès.

                                                                           François COPPOLA

jeudi 23 avril 2015

ORIGINE ET VARIETE DES COSTUMES PROVENCAUX




CANNES
La Provence est étendue et les costumes étaient bien différents, à la ville, à la campagne, à la montagne et au bord de mer. Certaines étoffes comme les châles en   cachemire étaient même rapportées par les marins de leurs escales en pays lointains. (Inde et Chine). L’Arlésienne par exemple est bien une tenue locale. Le cœur de la Provence c’est Aix et Avignon, mais Marseille est plus maritime. On s’habille différemment selon le travail, la condition sociale. Il n’y a pas d’uniformité. Et les tissus sont différents ainsi que les couleurs.  
La vie était difficile et plus courte, donc la couleur noire était souvent de rigueur pour porter le deuil. A Saint-Tropez c’était aussi le cas, et les grandes villes étaient trop lointaines pour permettre de suivre la mode plus colorée. 




1903 A L’ARRIÈRE PLAN JF AVEC SA COIFFE TRADITIONNELLE

MAILLANE















1903 LES PORTEUSES EN ROBE DE CONGRÉGATION
Le costume provençal semble avoir été réintroduit à Saint-Tropez, port de pêche et de commerce à la fin du 19e siècle, par la fille de Gustave Eiffel qui vint y vivre, venant d’Aix en Provence. Séduite par la Bravade, elle aurait acheté et offert quelques robes de Provençales à ses petites voisines de la vieille ville pour suivre la procession de la bravade du 17 mai de chaque année.

En effet, on ne voit que très tard des costumes provençaux sur les vieilles photographies de la fête traditionnelle. Sur celles-ci, on remarque les différences au cours des années sur les robes et les coiffes des femmes, et on n’y distingue pas ou peu d’hommes costumés, à part les bravadeurs. 



SAINT-VALLIER
Concernant La procession de la matinée du 17 mai, outre Mme Eiffel qui initia le mouvement, il ne faut pas négliger l’influence de Victor Tuby, lui aussi tropézien d’adoption, créateur de l’académie de Provence et émule, sinon apôtre de Frédéric Mistral, avec son ami Joseph Clamon neveu du grand poète en  rejoignant la bravade dès sa reprise après la grande guerre, ont encouragé et certainement aidé les jeunes fille à revêtir les atours provençaux. 

C’est donc entre les deux guerres que cartes postales et articles de journaux montrent ces « nouvelles provençales » qui se sont retrouvées bientôt pour former un groupe de musique et de danse bien connu.

Les premiers costumes provençaux portés à Saint-Tropez il y a plus de cent ans étaient moins beaux que ceux portés par la suite après la deuxième guerre mondiale. Les premières photos de l’époque le prouvent. Cela ne fait point de doute qu’ils se sont enrichis par  la suite.



Sans jugement, on peut dire que les costumes portés par les groupes folkloriques de la région, comme Lou Rampeu de Sant Troupès, lors de fêtes locales traduisent une évolution traditionnelle dans le temps et les lieux. Alors que ceux présentés par l’association Coutumes et costumes de Saint-Tropez sont des pièces d’antiquité d’époques, provenant de vieilles familles et dignes des collections des musées du patrimoine Provençal. 


1914 DAMES  DANS LEURS ATOURS HABITUELS
MARSEILLE














1924 PROVENÇALES DEVANT LE FUTUR FITZGERALD

CABRIS













 

L’avantage des groupes folkloriques c’est qu’ils présentent d’intéressants costumes adaptés à leurs danses qui évoquent la vie, le travail et la fête et qui se termine par la traditionnelle farandole.


ILLUSTRATION DES COSTUMES PAR G.GEO FOURRIER  http://geo-fourrier.skyrock.com

                                                                     FC - DC Avril 2015