DE LA VOLGA A SAINT-TROPEZ.

HOMMAGE A UN "AS" DE L'AVIATION FRANCAISE - ROLAND DE LA POYPE.

Lors de la bravade 2007 un évènement particulier s'est déroulé en l'église de l'Assomption qui est resté méconnu sauf de quelques témoins privilégiés.

Le buste de saint Tropez après 2007

En effet ce jour là, Monsieur Roland DE LA POYE, demande l'autorisation à Monseigneur Michel HAYES, alors curé de SAINT-TROPEZ d'épingler sa médaille de l'Ordre de la Libération sur le buste du saint patron de la ville. Ce qui fut fait après avoir recueilli le consentement du cépoun Marius ASTEZAN.  

Traditionnellement en témoignage de leur ferveur les tropéziens ont confiés à leur saint des ex-voto en forme de cœur flamboyant creux contenant un billet de reconnaissance, une prière, s'y ajoutaient les symboles chrétiens comme des croix, puis des attributs rappelant les activités locales que l'on confiaient aux bons soins du patron des marins et des pêcheurs, un sifflet de bosco, un poisson creux contenant sans doute une prière, des ancres de marine.

A la suite de  la première légion d'honneur suspendue au cou du martyre dans les années 1860 sont apparues, conséquences des conflits successifs  de 1870, 1914-1918, 1939-1945, de nombreuses autres légions d'honneur, des croix de guerre , croix du combattant, et même des médaille de l'ordre du mérite social.

Le buste du saint en 1860

Roland DE LA POYPE a donc perpétué cette tradition centenaire en offrant sa plus prestigieuse décoration à la statue vénérée chaque année et par là même aux tropéziens. 

Il fallait, il me semble, souligner ce fait remarquable pour qu'il reste dans la mémoire tropézienne et que son donateur soit identifié, on a sans doute perdu les noms des récipiendaires des décorations militaires ou civiles offertes au culte tropézien. Par la même occasion mettre en lumière cette médaille dont la sobriété formelle,  risque de ne pas lui conférer l'attention qu'elle mérite. 

Pourtant, rien ne destinait Monsieur DE LA POYPE à confier une parcelle de sa gloire à Saint-Tropez.

Né Roland Paulze d'IVOY DE LA POYPE, le 28 juillet 1920 au château de la Grange Fort au PRADEAUX, près de la ville d'ISSOIRE en Auvergne. Il est le représentant d'une famille engagée dans les carrières militaires, son père colonel de réserve est mort pendant la bataille de France en 1940.

A bord de son YAK

Tout jeune breveté pilote de l'armée de l'air à 19 ans, il doit, avec ses camarades, gagner l'Angleterre où il intègre les Forces Aériennes Françaises Libres. Dans son Spitfire il acquiert rapidement expérience et notoriété.

En 1942, volontaire du premier contingent du groupe de chasse "Normandie" qui restera connu comme l'escadrille "Normandie-Niemen" créée par le chef de la France Libre pour combattre sur le front russe.

La médaille de Roland de la Poype

En juin 1945 "Le marquis" comme le surnommait ses camarades rentre en France aux commandes de son "Yak" russe, et de nombreuses décorations soviétiques : Ordre de Lénine, Héros de l'Union Soviétique, Ordre du Drapeau Rouge, les distinctions françaises : Croix de Guerre 39-45 avec 12 citations, et surtout la plus prestigieuse et la plus rare puisque accordée à seulement 1061 personnes françaises et étrangères (Churchill, Eisenhower) , ainsi qu'à des entités militaires et collectivités : La médaille de l'Ordre des Compagnons de la Libération.

Ce n'est qu'en 2008 que le président SARKOZY le fit grand croix de la Légion d'Honneur.

Mais Roland n'est pas homme à s'endormir sur ses lauriers. Dès 1947 juste après son départ de l'armée, il se lance dans la conception et la fabrication de produits de la plasturgie et invente des objets iconiques comme le berlingot DOP développé par l'OREAL, et la carrosserie de la célèbre MEHARI produite par CITROEN.

Dès 1955 il est maire de CHAMPIGNE (Maine et Loire) jusqu'en 1971.

Le berlingot DOP

En 1970 sa passion pour la mer et le monde marin, il fonde le MARINELAND d'ANTIBES plus important zoo marin d' Europe dont il reste le propriétaire jusqu'en 2006. 

Infatigable il crée un golf près d'ANGERS en 1989.

Son épouse, l'artiste Marie-Noëlle DE LA POYPE, lui fait connaître Saint-Tropez qui l'a adopté et fait citoyen d'honneur. Cet homme de cœur issu d'une famille qui a toujours respecté les traditions se reconnaîtra dans la manifestation de ferveur quelque peu bruyante, mais incomparable qu'est la bravade. Il la suivra pendant les vingt dernières années de sa vie.

C'est dans sa ville d'adoption qu'il décèdera le 23 octobre 2012. Ces obsèques seront célébrées en la cathédrale Saint Louis des Invalides en présence de nombreuses personnalités civiles et militaires, les Chœurs de l'Armée Rouge, une autre tropézienne d'adoption, Madame Cécilia NORICK mezzo-soprano interpréta pour lui l'Avé Maria" de CACCINI et le "Panis Angélicus" de Gabriel FAURE.