Tribulations
bretonnes de ce baron d’empire qui devint maire de Saint – Tropez et pour qui les paroles de la chanson « Dans
les prisons de Nantes » auraient pu être écrites.
Blason de JG d'Antrechaus |
On peut
trouver l’explication de cet oubli dans les différentes orthographes du nom apparaissant ça et là : soit avec un « E » et un « S »
final, comme dans la liste des
maires, dans d’autres documents orthographié ANTRECHAUX, ou même
encore ENTRECHAUX. Ces variations ainsi
que des mentions de prénoms différents[1] ayant pu dérouter historiens et érudits.
De nos jours
la magie du WEB et la rapidité des autoroutes de l’information nous permettent de raccommoder les parcelles d’une une vie bien remplie sous
des noms apparemment différents.
Dans ce
mémoire on reprendra simplement l’orthographe qu’a choisie l’intéressé qui signait en 1811 D’ANTRECHAUS.
Les victimes de la peste à Marseille huile de M Serre XVIIIe |
Le jeune
Jean-Joseph adopta la carrière d’officier de marine comme le fut son père et de
nombreux membres de sa famille.
Fidèle à l’ancien régime
il se retrouva émigré en Angleterre dès le début de la révolution. Volontaire
du régiment d’HECTOR, composé en entier
d’officiers de marine, il fit partie de la
première division de l’expédition de QUIBERON, commandée par M DE PUISAYE. Ce corps expéditionnaire fort d’un millier
d’hommes s’embarqua à LYMINGTON en juin 1795 pour la Bretagne qu’il atteignit
à CARNAC le 27 juin où il fut dans un
premier temps accueilli en libérateur.
Cette vague
destinée à soulever l’ouest de la France contre la convention, fut stoppé net à cause d’un mauvais choix stratégique de son chef. La
troupe retranchée dans la presqu’ile de QUIBERON dû se rendre au général Lazare
HOCHE, qui fit preuve d’une grande mansuétude vis-à-vis de la majeure partie des chouans qui furent libérés ou
seulement emprisonnés , mais il ne put empêcher l’exécution de 748 prisonniers
émigrés[4].
D’ANTRECHAUS, DE CHAUMAREIX[5], DE SAINT GEORGES, DE
BOISSIE, DU BROUEXIC DE LA DRIENNAIS et WALTSER
furent les seuls rescapés. Leur aventure est relatée par Jean-Joseph lui-même
dans un opuscule datant de 1824 dont la vente devait aider à l’érection d’un
monument en mémoire des fusillés de QUIBERON. [6]
Les relations les plus rapides racontent que D’ANTRECHAUS fut sauvé par la
fille du geôlier de la prison de VANNES. Cette simplification venant en écho à la célèbre chanson devait séduire leur auteur [7]!
Or notre héros nous livre une
autre version plus complexe où toutefois les bretonnes jouent un grand rôle :
Dans un premier temps, lors des interrogatoires, il se fait passer pour le
serviteur de l’émigré qui porte son nom,
ce stratagème lui fait gagner du temps dans la sombre période entre le 1er
et le 25 août où par grappes les prisonniers sont exécutés tous les jours. Condamné malgré tout, il fait partie des
derniers qui attendent leur exécution, mais ceux-ci arrivent à créer des liens amicaux avec les
personnes chargées d’organiser l’intendance de ce nombre inhabituel de captifs
dans une prison de province, les femmes
du pays, le geôlier breton, sa fille qui s'intéresse à WALTSER et qui le fera intégré in extrémis au groupe d'évadés, et enfin quelques gardes qui se laisseront facilement
corrompre.
Il livre d’ailleurs le
nom de celle à qui il doit sa libération
définitive, Madame DE LENNEVOS :
Le nom et le titre de Baron relient bien l'Evadé au Maire |
Peu avant, lors de la
capitulation des troupes émigrées, D’ANTRECHAUS est témoin d’une scène qui le
marquera certainement à vie, il s’agit du suicide collectif par noyade de civils bretons :
« Cette
scène, quand je me la représente encore après trente ans, me cause une horreur
que je ne puis exprimer ; pendant bien longtemps elle m’a poursuivi, et,
au moment ou j’écris, je pourrais peindre les traits de la plupart de ceux que
j’ai vu périr. Une jeune fille de dix huit ans au plus, nue en chemise, belle,
je crois, s’il est possible de placer ce mot ici, était déjà entrée dans
l’eau ; je veux la retenir, je ne puis en obtenir ni un mot, ni un regard. »
Par la suite, D’ANTRECHAUS ne
fut pas opposé à l’empire, puisqu’il reprit sa carrière d’officier de marine et
ses services lui valurent d’être fait Chevalier de la Légion d’Honneur et Baron
d’Empire le 26 avril 1811. Période durant laquelle on le trouve Maire de SAINT-TROPEZ,
ville qui l’adopta, et ce fut peut-être la troisième de ses bonnes
fortunes, grâce à l’alliance qu’il
contracta le 6 juin 1804 avec Françoise Marie Charlotte Eugénie MARTIN DE
ROQUEBRUNE[8].
Elu député du Var en 1820
jusqu’en 1822 époque où un biographe parlementaire peu charitable,
disait de lui : « Nous avons été presque
au moment de ne pas voir figurer M. d'Antrechaux dans la Chambre de nos
représentants, car il est atteint d'une certaine paresse d'esprit, et il lui
paraissait fort difficile, lors de sa nomination, d'accorder les devoirs
austères d'un mandataire du peuple avec le charme de ce doux farniente qui fait
ses délices. »[9]
Il s’éteignit le 28 octobre 1830 à l’âge de 65 ans à SAINTE
–ANASTASIE-SUR –ISSOLE où, dit-on, il avait fait le plus de bien possible autour de lui.[10] [11]
La rencontre avec cette famille légendaire trouve
une signification particulière et toute
personnelle en constatant qu’un frère (ou cousin germain) de cet atypique maire de SAINT-TROPEZ,
prénommé Louis-Toussaint épousa le 2
août 1787 à SISTERON une Marie Eléonore
DE ROUX DE LARIC, fille de François, Seigneur D’ENTREPIERRES.
[12]
[1]
Entre autres Jean-Jacques (Panthéon de la Légion d’Honneur T. LAMARTHIERE).
[2] Né en 1720 +
le 10 août 1770 Toulon.
Commissaire de Marine. (Source Alain POMET-BAGUR site GENEANET)
[3] Sources : Armorial de
la vile de Toulon Octave TEISSIER – Histoire de Toulon G. LAMBERT – La peste de
1720 GAFFARET DURANTY.
[4] HOCHE aurait promis verbalement que les émigrés seraient
traités en prisonniers de guerre, or TALLIEN commissaire de la convention les
mis en accusation. (WIKIPEDIA)
[5] Futur malheureux
responsable du naufrage le la MEDUSE.
[6] Ce livre est disponible
sur le net, édition LIVRES DU PATRIMOINE
[7]
Entre autres T.LAMARTHIERE dans son Panthéon de la Légion d’Honneur.
[8] Source Henri DE DIANOUS
site GENEANET Il y eu au moins deux fils :
Jean Baptiste-Louis-Charles né le 7 octobre 1806 à SAINT-TROPEZ, autorisé par
le roi Charles X (Bulletin des Lois Ordonnance du 18 juillet 1827 )« à
servir SM le Roi de Sardaigne sans perdre la qualité de Français » et
Félix Joseph Henri né à BESSE-SUR-ISSOLE (83) le 16 avril 1824 + à POURCIEUX
(83) le 12 août 1894 (Source Henri DE DIANOUS site GENEANET)
[9] Source et photos: vendeur
du document pseudo ebay: keskonmange
[10] Source Panthéon de la
Légion d’Honneur T. LAMARTHIERE.
[11] STE-ANASTSIE-SUR-ISSOLE
est semble-t-il le berceau de la famille D’ANTRECHAUS. (GENEANET)
[12]
Source « Fraternelle » DE MONTVALLON site GENEANET
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