Bombardier des Forces Françaises Libres au-dessus de la côte provençale. |
Dans le
courant de l’année 1943, les tropéziens étaient habitués à de nombreux survols
de la presqu’ile par des centaines de bombardiers alliés qui arrivaient
d’Italie par le sud de la France pour atteindre leurs objectifs : Toulon
et sa base navale, ainsi que les lignes ferroviaires
entre Marseille et Cannes. Mais il ne s’agissait que d’alertes où chacun se
mettait à l’abri par précaution dans des caves préparées à cet effet.
Saint-Tropez n’était pas encore un objectif majeur.
Un mur de défense à Saint-Rapahël |
A
Saint-Tropez, les principaux ouvrages de défense du golfe se trouvaient
disséminés sur les hauteurs du cap Saint-Pierre. Là où se trouve la fameuse
réalisation immobilière des «Parcs de Saint-Tropez». Le quartier général des
troupes de terre de ce secteur était établi au château Borelli. Les hommes qui
composaient le gros de cet effectif militaire étaient originaires de Bakou en Azerbaïdjan.
Anciens soldats de l’armée rouge faits prisonniers et par la suite encadrés militairement
par des officiers allemands.
Sur le port de Saint-Tropez, la kommandantur se trouvait dans l’immeuble du crédit lyonnais sur lequel flottait en façade le drapeau hitlérien avec sa grande croix gammée.
A droite l'ex hôtel Continental (à la place de l'immeuble du Crédit Lyonnais) réquisitionné par la Kommandantur à gauche le Café de Paris spolié par Kriegmarine quelques jours après le débarquement. |
Mur de béton barrant la rue Victor Laugier |
Toutes les
maisons situées sur les quais du port avaient été évacuées et les fenêtres
murées par des briques. L’ensemble de ces façades tant admirées en temps de
paix constituaient alors un imposant mur de protection militarisé.
Le plus important blockhaus se trouvait à l’extrémité est de la plage de la Bouillabaisse pour en empêcher l’accès par mer ou couvrir de son puissant canon le fond du golfe.
Le plus important blockhaus se trouvait à l’extrémité est de la plage de la Bouillabaisse pour en empêcher l’accès par mer ou couvrir de son puissant canon le fond du golfe.
Blockhaus à St Aygulf |
Le dimanche 12 aout, les avions de l’escadrille du 42ème groupe US de bombardements lourds arrivèrent vers midi, ayant survolé Camarat et la chapelle de Sainte Anne, se dirigèrent vers le quartier ouest du village et lâchèrent leurs bombes de 250 kilos. Ils avaient comme objectif le puissant blockhaus de la plage de la Bouillabaisse. Mais, mal engagés dans leur approche du but, toutes les bombes tombèrent à la mer, le long du littoral. Cela dans le secteur de l’actuel club-house de la société nautique, maintenant devenu le parking du port à la suite du comblement, après la guerre, du site maritime d’origine. L’objectif ne fut donc pas malheureusement pas détruit. Les vitres mais les portes de garages situés derrière la vieille gendarmerie furent soufflées, mais aucune maison ne fut atteinte.
Dans la nuit
du 14 au 15 aout, bien avant le lever du jour, quelques avions égarés lâchèrent
prématurément et par erreur, sur le territoire tropézien, les effectifs d’une
centaine de parachutistes
d’une partie de la 509EME section d’infanterie des Etats Unis d’Amérique. Leurs objectifs étaient le quartier général allemand de Draguignan et les lignes de communication de la principale route nationale et la ligne de chemin de fer situés au Muy, cela trente kilomètres plus au nord de Saint-Tropez.
d’une partie de la 509EME section d’infanterie des Etats Unis d’Amérique. Leurs objectifs étaient le quartier général allemand de Draguignan et les lignes de communication de la principale route nationale et la ligne de chemin de fer situés au Muy, cela trente kilomètres plus au nord de Saint-Tropez.
De gauche à droite sgt Robert B. Bensley, 1st Lt Arthur W Odham 1st Gilbert Knupp et Lt John H Sorrells tous de la 509e (matin du jour "J" 1stabtf.com) |
Casques GI retrouvés à Saint-Tropez (collection Benoît Senne) |
Résistants lors de la cérémonie du 16/8 place des Lices |
Les
premières journées mémorables de la libération de Saint-Tropez furent
malheureusement endeuillées à la suite d’une attaque aérienne par l’aviation
allemande dans la soirée du 16 aout. Des bombes à fragmentation furent lâchées
sur les bateaux de l’armada alliée au mouillage dans le golfe et sur l’est du
village . Elles firent de nombreuses victimes rue Gambetta (dont les pavés conservent la marque des impacts au niveau du palais de justice) et place des lices. Les
blessés furent soignés au vieil hôpital et au couvent des platanes où les sœurs
se mutèrent en infirmières. Les blessés américains furent accueillis place
Carnot, sous une grande tente verte signalant son rôle d’hôpital de campagne
par une grande croix rouge dans un cercle blanc.
FW 190 type d'appareils responsables de l'attaque du 16/8 |
Pendant ce
temps, le golfe était devenu un immense port par le rassemblement de bateaux de
tous types. Cuirassés, croiseurs, torpilleurs, destroyers d’escorte et dragueurs
de mines protégeaient les barges de débarquement, les cargos de transports de
troupes qui déversaient hommes, matériel et ravitaillement sur les plages
devenues légendaires. Tous ces bateaux possédaient un gros ballon gonflable
relié par un câble qui servait d’obstacle en cas d’attaques aériennes en piqué.
Un
cargo américain Liberty-ship,
le « Edward H Palmer » mouillait devant le port de Saint-Tropez.
Il était chargé de sacs de farine destinée aux populations libérées. Ce sont
des tropéziens qui firent fonction de dockers pour transférer le chargement des
cales du bateau au port.
L’ancienne usine des câbles servit d’entrepôt de sacs de farine en attendant la progression
des libérateurs en terre de Provence. Soixante-onze
ans après, il faut rappeler ces bombardements et demander aux autorités
responsables de faire vérifier les lieux d’impacts situés à côté du club-house
de la société nautique et des pentes de la Citadelle. Il est possible que
certaines bombes n’aient pas explosées, enfoncées dans un sol meuble où dans un
champ de posidonies maintenant recouvert par le grand parking du port. Cela
afin d’éviter des explosions meurtrières si des travaux devraient être
entrepris sur ces lieux, notamment pour creuser des fondations ou créer un
parking souterrain.
Impacts du bombardement du 15/08 |
Il faut
savoir que l’état a vendu fort cher la vieille Citadelle à la ville et n’a pas
au préalable fait procéder à une dépollution du site alors que cela est
nécessaire et obligatoire sur les lieux militaires ? Devant le nombre de manifestations et de
visiteurs où spectateurs qui accèdent au musée ou garnissent les gradins de
notre Citadelle, ne serait-il pas encore possible de s’assurer que cette
obligation soit enfin respectée.
Le 23 juin
2015
François
Coppola Maire-adjoint honoraire de Saint
Tropez
De nombreux sites ont fournis les illustrations, on les remercie.
http://3eregimentchasseursafrique.blogspot.fr/2010_03_01_archive.html
(8) Operation Dragoon and the 'Champagne Campaign'
Les documents INA ont été tirés des archives cinématographique présent sur son site.
(8) Operation Dragoon and the 'Champagne Campaign'
Les documents INA ont été tirés des archives cinématographique présent sur son site.
On remercie Claude GRITTI pour ces précieuses informations trouvées dans
son livre "Le temps de l'occupation au coeur des Maures"
Très intéressant, phots nettes et commentaire clair.
RépondreSupprimerMerci,
J-F Hutin
Guide Conférencier